Alors qu’un mandat d’arrêt a été émis samedi à l’encontre de deux femmes agressées dans un magasin en Iran parce qu’elles ne portaient pas le voile, le gouvernement iranien a annoncé hier le renforcement de l'obligation de porter le voile dans les écoles et les universités iraniennes.
Comme la majorité des vidéos qui nous viennent d’Iran depuis la mort de Mahsa Amini en septembre dernier, elle est rapidement devenue virale. Dessus, on voit deux femmes, une mère et sa fille, entrer dans une épicerie de la ville de Machlad au nord-est du pays. Alors qu’elles font tranquillement la queue, elles se font apostropher brutalement par un homme qui passait dans la rue. Ce dernier, visiblement agacé, leur jette violemment du yaourt dans les cheveux. La raison de cette agression ? Mère et fille ne portaient pas le voile, selon l’Agence France Presse, rapporte Le Parisien. Sur la vidéo, filmée par les caméras de surveillance de l’épicerie, on voit ensuite le responsable du magasin intervenir immédiatement pour chasser l’agresseur.
D’après le journaliste spécialiste de l’Iran Armin Arefi, la scène aurait eu lieu jeudi 30 mars. Alors que la vidéo – qui dure à peine une minute – est massivement partagée sur les réseaux sociaux depuis, les autorités judiciaires iraniennes ont annoncé samedi 1er avril qu’un mandat d’arrêt a été ordonné à l’encontre des deux femmes « pour avoir commis un acte interdit en enlevant leur hijab », indique le site Mizan Online, l’agence du pouvoir judiciaire en Iran.
Un mandat d’arrêt a été également émis à l’encontre de leur agresseur « pour insulte et trouble à l’ordre public », poursuit Mizan Online. Quant au propriétaire du magasin, il aurait également reçu un avertissement afin qu’il se conforme aux règles de la charia, a ajouté le site. De son côté, le président iranien, Ebrahim Raisi, a appelé samedi soir les Iraniennes à porter le voile par « obligation religieuse », rapporte la chaîne télévisée Al Jazeera. Pour rappel, le voile est devenu obligatoire en Iran en 1979.
Durcir la répression sur le voile
Le mandat d’arrêt émis à l’encontre de ces deux femmes intervient alors que l’Iran est le théâtre de violentes répressions depuis la mort en détention, le 16 septembre dernier, de Mahsa Amini. La jeune kurde iranienne de 22 ans avait été arrêtée pour infraction au strict code vestimentaire imposé aux femmes dans la République islamique, c’est-à-dire le port du hijab couvrant les cheveux. Face à la forte mobilisation, des femmes et des filles iraniennes notamment, le régime des mollahs n’a cessé de durcir depuis la répression, notamment sur le port du voile. Et ce malgré l'annonce de la suppression de la police des mœurs début décembre pour calmer les protestations.
Au-delà des centaines d’arrestations et d’exécutions de manifestant·es, le gouvernement iranien a annoncé lundi 3 avril, par la voix de son ministère de l’Éducation, le renforcement du port du voile dans les écoles et les universités, rapporte la RTBF. Les étudiantes qui ne respecteraient pas cette obligation ne seront plus autorisées à assister aux cours. Cette réglementation n’est pas nouvelle mais elle intervient car de nombreuses jeunes femmes ont récemment refusé de s’y plier. Ces deux dernières semaines, de nombreuses vidéos ont en effet été partagées sur les réseaux sociaux montrant des Iraniennes non voilées célébrer le Nouvel An iranien dans plusieurs villes du pays, souligne la radio belge.
Début mars, c’est une autre vidéo virale qui avait suscité la colère du régime iranien. On y voyait cinq jeunes iraniennes cheveux longs défaits et apparents, crop tops laissant voir leur ventre, en train de danser sur la chanson Calm down du nigérien Rema. Pour s’être filmées en train de danser publiquement en ne portant pas le voile et en laissant apparaître leur ventre – trois choses interdites en Iran -, les cinq jeunes filles ont été arrêtées par la police et détenues pendant deux jours. Elles ont ensuite été forcées d’enregistrer une vidéo dans laquelle elles expriment des regrets.
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