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Photo : Jorono / Pixabay

En Afghanistan, les filles pri­vées de ren­trée sco­laire pour la troi­sième année consécutive

La ren­trée sco­laire a eu lieu ce mer­cre­di en Afghanistan. Pour la troi­sième année consé­cu­tive, les filles du secon­daire en étaient exclues, ban­nies de l’école par les auto­ri­tés talibanes.

“Ça fait presque trois ans que je ne peux plus aller à l’école. J’ai frô­lé la dépres­sion”, raconte à Kaboul (Afghanistan) Zuhal Shirzad, une jeune femme de 18 ans. Moins d’un an après leur retour au pou­voir, les tali­bans avaient inter­dit en mars 2022 aux Afghanes de suivre les cours de l’enseignement secon­daire. La ren­trée de ce mer­cre­di 20 mars, annon­cée hier par le minis­tère de l’Éducation, se tient le pre­mier jour de l’année calen­daire afghane et marque la troi­sième année d’exclu­sion des filles des écoles du secon­daire du pays.

Retard et déso­cia­li­sa­tion des filles

“C’est très dur pour moi que les gar­çons de mon âge étu­dient et pas moi. C’est de la dis­cri­mi­na­tion de genre”, pour­suit la jeune Afghane, qui observe avec cha­grin cette ren­trée, qu’elle aurait dû faire en ter­mi­nale, avant de pré­pa­rer son entrée à l’université. L’Afghanistan est le seul pays au monde où l’éducation des filles a été inter­dite après l’école pri­maire. Des alter­na­tives en ligne existent, mais elles sont réser­vées aux ado­les­centes ayant un accès à Internet et ne les empêchent pas d’accumuler un retard sco­laire par rap­port aux gar­çons, tout en les déso­cia­li­sant. Zuhal Shirzad affirme pour­tant qu’elle n’abandonnera “jamais [ses] rêves”, et ajoute que “si les écoles ne rouvrent pas [aux jeunes filles], [elle] conti­nue­rait à étu­dier en ligne pour deve­nir un jour une femme d’affaires”.

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De leur côté, les gar­çons déplorent aus­si l’injustice de cette inter­dic­tion. Faiz Ahmad Nohmani, un ado­les­cent de 15 ans qui a fait sa ren­trée en troi­sième dans un éta­blis­se­ment pri­vé de Hérat (à l’ouest), se dit “vrai­ment déso­lé que les filles ne viennent pas à l’école”. Il raconte : “Aujourd’hui, quand je suis arri­vé, j’aurais aimé que nos sœurs viennent elles aus­si à l’école, parce qu’elles repré­sentent la moi­tié de la socié­té.” Ses sœurs “sont res­tées à la mai­son”, alors qu’elles “devraient étu­dier comme nous”, conclut-​il.

"Apartheid de genre"

Depuis leur arri­vée au pou­voir par la force en août 2021, les auto­ri­tés tali­banes ont impo­sé dans le pays une inter­pré­ta­tion ultra rigo­riste de l’islam dont les femmes sont les pre­mières cibles, au nom d’une poli­tique décriée par les Nations unies comme étant un “apar­theid de genre”. Les femmes, désor­mais inter­dites de sport, de ham­mam, de musée, de parc ou de salon de beau­té, et dont l’accès à l’emploi a été très res­treint, ont peu à peu été effa­cées de l’espace public sous l’administration tali­bane. La ques­tion de leur trai­te­ment est aujourd’hui l’obstacle majeur à des rela­tions diplo­ma­tiques entre la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale et l’Afghanistan, dont le gou­ver­ne­ment n’est recon­nu à ce jour par aucun pays.

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