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© Daniel Arrhakis / Flickr

Brésil : les com­man­di­taires du meurtre de Marielle Franco (enfin) arrêtés

Cinq ans après le meurtre de cette figure mili­tante de gauche, l’enquête touche à son terme. Et révèle l’implication de poli­ciers et hommes poli­tiques corrompus.

Il aura fal­lu cinq ans. Dimanche 24 mars, la police fédé­rale bré­si­lienne a inter­pel­lé l’ex-chef de la police civile de Rio, Rivaldo Barbosa ; l’ex-conseiller de la Cour des comptes de Rio, Domingos Brazao ; et son frère, le dépu­té Joao Chiquinho Brazao, soit les trois com­man­di­taires pré­su­més de l’assassinat de la conseillère muni­ci­pale de gauche Marielle Franco, en mars 2018. 

À l’issue d’une longue enquête, les trois hommes ont été dési­gnés par Alexandre de Moraes, le juge de la Cour suprême fédé­rale en charge de l’affaire, comme les pré­su­més “archi­tectes” de l’assassinat de Marielle Franco et de son chauf­feur, Anderson Gomes. “Le crime a été orches­tré par les deux frères et méti­cu­leu­se­ment pla­ni­fié par Rivaldo avec son chauf­feur Anderson Gomes [Barbosa], a décla­ré le magis­trat dans le docu­ment ordon­nant leur pla­ce­ment en déten­tion pro­vi­soire. Ils ont été pla­cés sous les ver­rous dans une pri­son fédé­rale, à Brasilia. 

Le ministre bré­si­lien de la Justice, Ricardo Lewandowski, a décla­ré lors d’une confé­rence de presse que l’enquête “était ter­mi­née”, même si de nou­veaux élé­ments pour­raient encore appa­raître. Précédemment, la police avait affir­mé être munie de man­dats pour arrê­ter une quinze per­sonnes liées à cette affaire. “Nous savons très clai­re­ment qui sont les auteurs de ce crime odieux, car il est clai­re­ment de nature poli­tique”, a affir­mé le ministre, qui a éga­le­ment célé­bré la “vic­toire de l’État bré­si­lien et des forces de sécu­ri­té contre le crime organisé”.

“Aujourd’hui, un grand pas a été accom­pli pour ten­ter d’obtenir la réponse à la ques­tion que nous nous posons depuis des années : qui a tué Mari, et pour­quoi ?”, s’est réjouie sur X Anielle Franco, sœur de Marielle et actuelle ministre de l’Égalité raciale.

Milices et usur­pa­tion des terres

Figure de la lutte pour les droits des com­mu­nau­tés noires et LGBTQIA+, Marielle Franco s'était dres­sée contre les milices. Elle sor­tait d'un débat avec de jeunes femmes noires et ren­trait chez elle quand sa voi­ture a été cri­blée de balles, le 14 mars 2018.

Divulguant un extrait de l'enquête poli­cière, le ministre Ricardo Lewandowski a lié la "moti­va­tion fon­da­men­tale" du crime à l'activité des milices, ces groupes réunis­sant notam­ment d'anciens poli­ciers, des mili­taires à la retraite et des pom­piers, qui sont appa­rus il y a une qua­ran­taine d'années face aux gangs des tra­fi­quants de drogue.

Le rap­port d'enquête fait ain­si état de "divers indices d'implication" des frères Brazao, en par­ti­cu­lier Domingos, "dans des acti­vi­tés cri­mi­nelles, y com­pris celles liées aux milices et à l'usurpation de terres". Il sou­ligne éga­le­ment des "diver­gences dans le domaine poli­tique". Plus pré­ci­sé­ment, la conseillère muni­ci­pale s'était oppo­sée à un groupe qui sou­hai­tait régu­la­ri­ser des ter­rains à des fins com­mer­ciales, alors qu'elle encou­ra­geait une uti­li­sa­tion sociale, a expli­qué le ministre de la Justice.

Alors que l'enquête est long­temps res­tée du res­sort du par­quet de Rio, Ricardo Lewandowsk a déplo­ré "presque cinq ans d'investigations infruc­tueuses" en rai­son de "l'obstruction" de cer­tains de ses membres. Elle a été prise en main par la Police fédé­rale en février 2023, après l'arrivée au pou­voir du pré­sident de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Lire aus­si I Monica Benicio, une veuve contre Bolsonaro

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