Dans une tribune publiée mardi dans Libération et motivée par la gestion de l'affaire Quatennens à La France insoumise, plus de 550 militantes féministes dénoncent les atermoiements des partis face aux accusations de violences de genre dont de nombreux hommes politiques font l'objet.
![#RelèveFéministe : un collectif de militantes réclame la démission d'Adrien Quatennens de son mandat de député 1 54C142C0 11A4 4AFC A0BC B9FA96FE2AE3](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/04/54C142C0-11A4-4AFC-A0BC-B9FA96FE2AE3-1024x1024.jpg)
« Les féministes alarmé·e·s guettent les réactions des cadres du parti qui, eux, regardent leurs pompes. » Dans une tribune publiée dans Libération mardi 20 septembre et intitulée Violences sexistes et sexuelles : l’impunité est révolue, place à la relève féministe, un nouveau collectif du nom de #RelèveFéministe pourfend la gestion par les partis politiques des affaires de violences sexuelles et sexistes. Plus de 550 militantes féministes y dénoncent une « omerta qui perdure grâce à des complicités, des comportements et une lâcheté connivente ».
"Une gifle est un acte de violence physique"
En ligne de mire, évidemment, les réactions de soutien au député Adrien Quatennens, accusé de violences conjugales, de la part de certain·es membres de La France insoumise (LFI) et parmi elles, « les propos insupportables tenus sur le sujet par Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise ». Dans un tweet, ce dernier avait salué « [la] dignité et [le] courage » d'Adrien Quatennens après que celui-ci a admis dimanche les informations divulguées par Le Canard Enchaîné mercredi 14 septembre. « Les faits avoués sont clairs : une gifle est un acte de violence physique, la confiscation d’un téléphone et l’envoi de « trop de textos » correspondent à des violences psychologiques », tempêtent les signataires.
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Loin de se satisfaire de la mise en retrait du député de ses fonctions de coordinateur de LFI, elles réclament sa démission de son mandat de député LFI du Nord : « Si Adrien Quatennens ne fait à ce stade pas l’objet d’une condamnation judiciaire, ses aveux le rendent politiquement responsable. C’est pourquoi nous, féministes, ne nous satisfaisons pas du retrait d’Adrien Quatennens de ses responsabilités au sein de LFI – ce que le parti aurait d’ailleurs dû demander en amont – exigeons qu’il démissionne de son mandat parlementaire, et que la cellule VSS [violences sexistes et sexuelles, ndlr] de LFI envisage sérieusement tous les degrés de sanctions disponibles. »
"Système de protection des agresseurs, tous partis confondus"
Mais ces militantes – dont les noms les plus connus sont Marie Coquille-Chambel, instigatrice du #MeTooThéâtre, Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye ta schneck, la chanteuse Mathilde ou encore la comédienne Klaire fait Grr – sont loin de se limiter à la seule affaire Quatennens. Elles listent les précédentes affaires de violences envers les femmes dont ont été accusés des hommes responsables politiques ou associatifs et réclament un changement de système : « Julien Bayou, pour lequel la commission interne d’EE-LV a été saisie pour violences psychologiques. Thomas Piketty. Puis Maxime Cochard au PCF et Benjamin Amar à la CGT, accusés de viol. Samir Elyes, du comité Adama, mis en cause pour violences physiques et psychologiques. […] Au-delà des affaires Quatennens, Coquerel, Elyes ou Bouhafs, au-delà de Darmanin, Abad, Zemmour, Baupin, Lassalle, Hulot, etc., c’est un système de protection des agresseurs, tous partis confondus, que nous dénonçons. »
Et de prévenir : « Aux masculinistes et à leurs allié·e·s, aux complices et ceux qui se taisent, nous disons que l’heure de l’impunité et de la toute-puissance est révolue. » Puisque les partis sont « incapables de faire mieux » quand il s'agit de se désolidariser de responsables politiques mis en cause dans des affaires de violences sexistes et sexuelles, « il est temps de passer la main ». Ces militantes entendent se faire une « place politique » et l'assurent : « Sur tous les fronts, la relève sera féministe. »
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