Alors que l’éducation pour tous·tes est un droit, de nombreux enfants en situation de handicap n’ont toujours pas accès à une scolarisation adaptée ou à une scolarité tout court. Des défaillances qui plongent les parents, et surtout les mères, dans la débrouille, la précarité et les poussent, parfois, à se retrousser les manches et à devenir les fers de lance de nouvelles initiatives.
Lundi dernier, Justine, 14 ans, aurait dû faire sa rentrée dans un Institut médico-éducatif (IME). Mais, à la différence de son grand-frère qui a fait sa rentrée en sixième dans un collège dit ordinaire, elle n’a pas eu le droit, elle, à sa photo, cartable neuf sur le dos, prise par sa mère, devant le perron de la maison. Et pour cause, Justine, autiste sévère, est sur liste d’attente depuis deux ans. Comme l’année dernière et celle d’avant, elle a fait sa rentrée scolaire à la maison, avec sa mère Sabine, qui ne travaille plus pour s’occuper d’elle.
Drôle de constat dans un pays où le droit à l’éducation pour tous les enfants, qu’ils·elles soient ou non en situation de handicap, est pourtant un droit fondamental qui impose au système éducatif de s’adapter aux besoins particuliers des élèves. Mais les nombreux témoignages reçus en ce début d’année attestent du contraire : c’est plutôt aux parents de s’adapter et ce sont toujours leurs enfants qui en subissent les conséquences. « Après le CM2, on a dû retirer Justine du système éducatif ordinaire qui n’était plus adapté pour elle et on s’est heurté aux manques de places dans les IME, déplore Sabine auprès de Causette. Depuis, je vis avec la sensation d’avoir retiré ma fille de notre société parce que ce n’est pas en restant à la maison avec moi qu’elle va pouvoir se sociabiliser, progresser et gagner en autonomie et donc s’intégrer. Pour l’instant, ma fille est privée d’avenir et ça c’est un crève-cœur pour moi. »
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Le cas de Justine est loin d’être rare en France. Il illustre au contraire très bien l’étude de terrain faite sur la scolarisation des enfants en situation de handicap en cette rentrée 2023, publiée fin août par l’Unapei, un réseau français d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes en situation de handicap. Le constat est amer : sur 2 103 enfants en situation de handicap, 23% n’ont, comme Justine, aucune heure de scolarisation prévue par semaine, 28% n’ont que 0 à 6 heures, 22% n’ont que 6 à 12 heures et seulement 27%, plus de 12 heures de scolarisation par semaine. Des bouts de chandelles en comparaison des 24 heures[…]