Le médicament Ozempic, à l’origine destiné à traiter les personnes diabétiques, est aussi prisé sur les réseaux sociaux pour ses effets amincissants. Il peut pourtant entraîner de graves problèmes gastro-intestinaux. Aux États-Unis, des poursuites judiciaires sont déjà lancées.
Le médicament Ozempic, traditionnellement indiqué dans le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, est commercialisé aux États-Unis depuis 2017 et en France depuis 2019. Il permet en effet de stimuler la libération d’insuline. C’est cependant un autre atout de ce médicament qui fait fureur sur les réseaux sociaux et à Hollywood : il ralentit la vidange de l’estomac, diminuant l’appétit et permettant ainsi une perte de poids en un temps record. En mars dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publiait un rapport commun avec l’Assurance-maladie, soulignant que l’Ozempic allait faire l’objet d’une “surveillance renforcé”". Aujourd’hui, le médicament – qu’il soit utilisé dans le cadre d’un traitement contre le diabète ou dans le but de perdre du poids – est pointé du doigt pour ses effets secondaires prétendument cachés.
Plaintes en cascade
Aux États-Unis, au moins vingt plaintes ont été déposées depuis l’été dernier, selon le site américain Reuters, contre les sociétés Novo Nordisk et Eli Lilly, fabricants d’Ozempic et du médicament similaire Mounjaro. Les patient·es et proches à l’origine de ces poursuites accusent les laboratoires d’avoir omis de divulguer le risque de développer des effets secondaires potentiellement graves, voire mortels.
D’après le média américain The Cut, une femme originaire de Louisiane, aux États-Unis, a été hospitalisée à plusieurs reprises pour une paralysie de l’estomac et des vomissements si violents qu’elle en a perdu des dents. La patiente s’était vue prescrire de l’Ozempic, puis du Mounjaro sans être avertie, selon elle, de ces effets secondaires. Elle a déposé plainte contre les deux entreprises. Le mois dernier, toujours selon The Cut, une autre américaine en Virginie-Occidentale a elle aussi déposé plainte contre Novo Nordisk. Elle dit avoir développé une “lésion intestinale potentiellement mortelle” en utilisant le médicament Ozempic. Elle ajoute par ailleurs avoir subi une intervention chirurgicale d’urgence qui lui aurait laissé des séquelles intestinales permanentes.
De nombreuses recherches sur les dangers des médicaments amincissants
En France, un article publié dans Le Monde fait également état des sévères effets secondaires liés aux médicaments amincissants, dont les principes actifs sont le sémaglutide (Ozempic et Wegovy) et le liraglutide (Rybelsus et Saxenda). Il cite en ce sens les résultats d’une étude de l’université de Colombie-Britannique (UBC, Canada) qui établit un lien entre l’usage de ces médicaments dans le but de perdre du poids “et des affections gastro-intestinales sévères : pancréatite, obstruction intestinale, pathologies biliaires et gastroparésie – un retard dans le passage des aliments de l’estomac vers l’intestin grêle”.
Cette recherche a ses limites, puisqu’elle ne prend pas en compte les personnes diabétiques et opère une comparaison avec des médicaments qui ne sont pas prescrits en France. Selon Jean-Luc Faillie, chef du service de pharmacologie médicale et de toxicologie du CHU de Montpellier, interrogé par Le Monde, elle permet cependant de rappeler que “si ces médicaments ont un bénéfice important dans le diabète et potentiellement dans l’obésité sévère et résistante en agissant sur la réduction des comorbidités associées, il est en revanche inexistant, mis à part l’effet esthétique, pour perdre quelques kilos chez les personnes en léger surpoids”.
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Au vu des potentiels effets secondaires, le risque n’en vaudrait donc pas la chandelle, d'autant plus que “les doses prescrites pour maigrir sont plus importantes que celles administrées aux diabétiques”, ajoute Jean-Luc Faillie. Ce spécialiste opérant auprès de l’ANSM a par ailleurs publié en 2022 une étude dans la revue Diabete Care où il émet une suspicion de risque de développer un cancer thyroïdien à cause des agonistes du GLP‑1 présents dans l’Ozempic. Toujours selon Le Monde, d’autres dangers incluent le risque de complications lors d’une opération sous anesthésie en raison du retard de la vidange gastrique provoquée par le médicament et une suspicion de risque de développer des comportements suicidaires ou d’automutilation. Sans oublier les effets secondaires moins dangereux mais néanmoins fréquents liés à ce médicament : vomissements, constipation ou encore chute de cheveux.