Une centaine de personnalités du cinéma français signent une tribune, publiée mardi 16 mai dans Libération, dénonçant « un système dysfonctionnel qui broie et anéantit ».
Plus d’une centaine d’actrices et d’acteurs, dont Laure Calamy, Géraldine Nakache, Julie Gayet ou encore Anna Mouglalis, signent une tribune publiée mardi 16 mai dans Libération, dénonçant « les positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes », dont la 76e édition a démarré hier. Les signataires « refusent d’être associés aux décisions prises ces dernières semaines », écrivent-ils·elles sans citer ces dernières.
On peut toutefois noter parmi les décisions du Festival de Cannes qui font polémique celle de programmer en ouverture le film Jeanne du Barry, de Maïwenn, qui signe le grand retour de l’acteur américain Johnny Depp accusé de violences conjugales par son ex-épouse l’actrice Amber Heard. Johnny Depp a d'ailleurs été accueilli par une standing ovation lors de la projection mardi soir. On compte aussi la présence du film Le Retour, en compétition pour la Palme d’or alors que sa réalisatrice, Catherine Corsini, est accusée de harcèlement moral sur le tournage de son film. Des choix par ailleurs assumés par le délégué général du Festival, Thierry Frémaux.
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« En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création », dénoncent les signataires. Pour eux·elles, « la place que l’on offre aux personnes qui abusent, harcèlent, violentent, sur le tapis rouge de ce festival ne vient pas de nulle part ». Ils·elles pointent un milieu du cinéma français gangrené par les « agressions sexuelles », le « racisme » et le « harcèlement moral » sur les plateaux de tournage. « Le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit », s’indignent les signataires dans la tribune, en ajoutant que beaucoup ne prennent pas la parole par crainte de répercussions sur leur carrière.
La centaine de signataires explique ne plus vouloir se taire et souhaite « faire entendre une autre voix, celles de femmes et d’hommes qui soutiennent les techniciens et techniciennes, les acteurs et les actrices qui dénoncent les violences, les journalistes qui publient ces enquêtes ». Ils·elles disent aussi « comprendre et soutenir » la décision d’Adèle Haenel qui a récemment adressé une lettre à Télérama dans laquelle elle explique les raisons de son arrêt du cinéma. « Nous ne pouvons que déplorer le fait que ce milieu soit toxique au point de vouloir le quitter totalement. Nous profitons de cette tribune pour dire avec [Adèle Haenel] “La HONTE” », écrivent-ils·elles, promettant que « [leur] voix ne fait que naître ».
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