Zéro. C'est le nombre de réalisatrices nommées aux Oscars et aux César dans les catégories de la meilleure réalisation. Les femmes n'ont pourtant pas démérité derrière la caméra en 2022, à l'image de Rebecca Zlotowski, Alice Winocour, Claire Denis, Maria Schrader ou encore Valeria Bruni-Tedeschi.
Où sont les femmes réalisatrices ? Ni aux Oscars, ni aux César. Les deux cérémonies récompensant les meilleures œuvres cinématographiques de l'année viennent de dévoiler la liste de leurs nommé·es pour 2023. Et les réalisatrices sont les grandes absentes de ces deux grands raouts du cinéma.
#OcarsSoMale
Outre-Atlantique, cinq réalisateurs ont été sélectionnés pour l'Oscar de la meilleure réalisation. Parmi eux, des pointures et des anciens gagnants, à savoir Steven Spielberg (The Fablemans), Todd Field (Tár), Ruben Östlund (Triangle of Sadness), Martin McDonagh (The Banshees of Inisherin) et enfin Daniel Kwan et Daniel Scheinert (Everything Everywhere All At Once).
Plusieurs femmes se sont pourtant illustrées avec des films bien accueillis par le public et la critique, à l'image de Charlotte Wells (Aftersun), Maria Schrader (She Said), Gina Prince-Bythewood (The Woman King) et Sarah Polley (Women Talking). Cette dernière est cependant nommée dans la catégorie meilleur film.
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Le hashtag #OcarsSoMale (#OscarsSiMasculins) a d'ailleurs émergé dans la foulée des annonces. L'organisation Women In Film, qui défend les femmes dans le milieu du cinéma, a également constaté dans un communiqué transmis à Variety « qu'une fois encore, les votants de l'Académie ont montré qu'ils ne prennent pas en considération les voix des femmes », rappelant qu'un Oscar est plus qu'une « statue dorée » mais « un accélérateur de carrière ».
Valeria Bruni-Tedeschi et Rebecca Zlotowski snobées
En France, même constat. Des habitués et pointures se retrouvent sélectionnés pour le César de la meilleure réalisation, à savoir Cédric Klapisch (En Corps), Louis Garrel (L'Innocent), Cédric Jimenez (Novembre), Dominik Moll (La Nuit du 12) et Albert Serra (Pacification – Tourment sur les Îles).
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Les réalisatrices n'ont pourtant pas démérité en 2022. Valeria Bruni-Tedeschi, avec ses Amandiers, long-métrage sélectionné à Cannes l'année dernière, néanmoins sélectionné pour le César du meilleur film. Mais aussi Claire Denis (Avec amour et acharnement), Mia Hansen-Løve (Un beau matin), Léa Mysius (Les Cinq Diables), Alice Winocour (Revoir Paris), Rebecca Zlotowski (Les Enfants des autres), Béatrice de Staël (Vacances), Patricia Mazuy (Bowling Saturne), Anaïs Volpé (Entre les vagues) et Carine Tardieu (Les jeunes amants). Bref, les femmes étaient présentes derrière la caméra, pour des films qui ont connu de jolis succès en salle, à l'image des Amandiers (209.183 entrées), Les Enfant des autres (379.788) ou Revoir Paris (518.483 entrées).
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Là où les femmes se retrouvent, c'est dans la catégorie du César du meilleur premier film, avec Charlotte Le Bon (Falcon Lake), Lise Akoka et Romane Guéret (Les Pires), et, surprise, Alice Diop (Saint-Omer). S'il s'agit effectivement du premier long-métrage de la native d'Aulnay-sous-Bois, rien n'interdit dans le règlement à ce qu'il se retrouve dans la catégorie reine du meilleur film ou qu'Alice Diop soit sélectionnée pour celle de la meilleure réalisation. Mais comme chaque année, les réalisatrices sont reléguées dans les catégories émergentes. Pourtant, Saint-Omer avait été nommé en septembre pour représenter la France aux Oscars, signe de sa qualité. Le statut de nouvelle venue d'Alice Diop ne l'avait non plus empêchée de gagner le grand prix du jury à la Mostra de Venise le même mois. Peut-être faudrait-il s'inspirer de nos voisin·es italien·nes ?