Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est dit favorable à la proposition de loi d’une députée Horizons visant à instaurer une “écocontribution” de 10 euros par article d’ultra fast fashion.
Du fil à retordre pour Shein et consorts. “Le gouvernement va soutenir la proposition de loi” visant à pénaliser financièrement la fast fashion et à interdire la publicité de ses enseignes, a affirmé, lundi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, lors d’un événement à Paris réunissant des acteurs de la mode durable.
Le texte, porté par Anne-Cécile Violland, sera défendu par les député·es du groupe Horizons le 14 mars, lors de leur “niche” parlementaire. Il vise les enseignes et sites de e‑commerce de fast-fashion qui proposent une quantité innombrable de vêtements à bas prix et de moindre qualité, pour la plupart importés d’Asie.
Il prévoit ainsi une modulation de “l’écocontribution” versée par les sociétés en fonction de leur impact environnemental, afin de réduire l’écart de prix entre les produits issus de la fast fashion et ceux issus de filières plus vertueuses. Ce “malus” pourrait atteindre 10 euros par article en 2030, selon les souhaits de la députée. L’objectif est de “réduire l’impact environnemental de l’industrie textile”, en mettant en place une meilleure information à destination des consommateur·rices et en interdisant la publicité pour les entreprises et produits relevant de cette mode éphémère.
L’idée de toucher au porte-monnaie ces mastodontes de la mode, dont la croissance semble irréfrénable, est dans l’air du temps. Début février, c’est le député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques qui avait annoncé déposer une proposition de loi visant à instaurer un malus de 5 euros par achat, en reprenant les codes des influenceur·euses payé·es par les marques pour vanter leurs produits sur les réseaux sociaux, afin d’alarmer à la fois sur l’hérésie environnementale et sur les risques sur la santé des consommateur·rices qu’impliquent ces achats.
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“En vendant ces produits à ce prix-là, [ces entreprises] font des profits, mais elles laissent à la planète […] le fait de devoir trouver des ressources publiques pour aller éliminer les dégâts causés par leur mode de production”, a dénoncé le ministre lors du discours de clôture de l’événement. “Il manque quelque chose à la facture”, a estimé Christophe Béchu, qui a évoqué notamment “les coûts de dépollution” et “de collecte” des vêtements usagés.
Pour Shein, c'est le pouvoir d'achat qu'on attaque
“Dans sa forme actuelle, la proposition de loi ne porte pas sur l’impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d’achat des consommateurs français”, a immédiatement réagi une porte-parole de Shein en France. La proposition de loi “cible l’activité de quelques acteurs performants, sans étude d’impact ni évaluation sur ses bénéfices environnementaux réels”, a‑t-elle encore défendu.
Lundi, le ministre de la Transition écologique a également annoncé que sera lancée “mi-mars” une consultation du public concernant l’affichage environnemental pour le textile. Le but avoué étant “qu’à partir de la fin du mois d’avril, on puisse avoir quelque chose qui puisse faire l’objet d’un décret”. “Si les acteurs [de cette industrie] valident tout ça”, une méthode permettant de définir les critères de cet affichage sera alors définie, a‑t-il indiqué à l’AFP.
Enfin, Christophe Béchu a dévoilé que le gouvernement allait “faire une campagne de publicité ciblée contre la fast fashion”, à l’image de celle des “dévendeurs” de l’Ademe, qui avait “suscité un peu d’émotion” parce qu’elle visait “des boutiques physiques”. Cette série de spots télévisés humoristique de l’agence de la transition écologique vantant la déconsommation avait suscité en fin d’année dernière l’ire des commerçant·es.