La Mairie de Paris a annoncé le 18 mai un plan de transformation du périphérique parisien en boulevard urbain et végétalisé, à l’horizon 2024. En réaction, l’association Les Amis de la Terre a, elle aussi, fait un tour du périphérique, pour y constater l'urbanisation galopante de ces quinze dernières années.
Revégétaliser le périphérique parisien, c’est la promesse de la Mairie de Paris dans son nouveau plan de transformation progressive « de la ceinture grise à la ceinture verte ». Présenté lors d’une conférence de presse par la Maire de Paris, Anne Hidalgo, le 18 mai dernier, le projet entend réduire la pollution, améliorer la qualité de vie urbaine et renforcer la place de la nature le long du boulevard périphérique. Un programme ambitieux, mais qui ne convainc pas tout le monde.
A l’image du thread twitter publié le 18 mai par la Mairie pour diffuser le projet, la branche parisienne de l’association Les Amis de la Terre s’est emparée du format, en y apportant sa propre touche. Le mercredi 15 juin, elle a déroulé sous plusieurs tweets des photos comparatives des Portes de Paris à deux dates différentes, autour de 2008 puis en 2022. Le constat est frappant : toutes les captures d’écran de Google Street View, prises à l’exact même endroit mais avec presque quinze ans de différence, montrent de la verdure presque totalement remplacée par des immeubles. Sur les images, les arbres et la végétation ont disparu pour laisser place à des blocs de béton et des complexes industriels. A Porte de Choisy, Porte d’Ivry, Porte d’Orléans, Porte des Lilas ou Porte Dorée, le résultat est toujours identique.
Pointer du doigt les contradictions de la Mairie
L’association Les Amis de la Terre fait campagne contre la pollution de l’air depuis les années 2000, et traque les zones d'urbanisation de Paris. Alors, en effet, peut-être est-il temps de reboiser Paris pour renverser la tendance. Mais l'association pointe justement du doigt les contradictions de la Mairie. « C’est très bien de vouloir revégétaliser, mais on continue quand même à bâtir des immeubles en même temps. C’est totalement contre-productif : on construit des bureaux, donc on coupe des arbres et on rajoute du trafic car les travailleurs doivent se déplacer et prendre plus leur voiture, donc on rajoute encore plus de pollution », constate Benoît Derouet, président de la branche parisienne de l’association.
![La Mairie de Paris projette de revégétaliser le périphérique : de la ceinture grise à la ceinture verte, ou plutôt l’inverse ? 2 Capture d’écran 2022 06 17 à 18.04.30](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/06/Capture-d’écran-2022-06-17-à-18.04.30-1024x859.jpg)
Pour cause, le président de la branche parisienne dénonce certains projets d’urbanisme lancés par la Mairie de Paris en parallèle de ce nouveau plan, qui construiront plus de bâtiments, et détruiront encore plus la nature. Par exemple, le projet Mille-arbres à Porte Maillot qui devait accueillir un immeuble-pont traversant la Porte Maillot jusqu’à Neuilly-sur-Seine et qui comprenait des logements, un hôtel, une crèche et un restaurant. Les Amis de la Terre avait déposé un recours et avait gagné, puisqu’en 2021, la justice a annulé le permis de construire du projet, jugé dangereux pour la santé publique.
Benoît Derouet mentionne également le projet de réaménagement de la Porte de Montreuil, où la Mairie prévoit, d’ici 2030, de construire de nouveaux édifices comprenant des commerces, des bureaux et des restaurants. « Il y a beaucoup de greenwashing dans tous ces projets. Même s’ils prévoient de végétaliser ces zones, ça ne change pas le fait qu’ils prévoient aussi en même temps de construire plein de nouveaux immeubles ! », s'insurge le président.
Pour Benoît Derouet, une seule solution : réduire le trafic. « Il faut qu’on arrête de bétonner partout et d’attirer les voitures. On comprend bien que l’intention est de gentrifier et de rendre attractives ces zones-là, mais ça ne règle en aucun cas le problème de pollution et de préservation de la biodiversité. » Selon l’association, même les aménagements prévoyant des toits végétalisés ou des murs végétaux ne sont pas forcément adéquats : « Paris est une ville minérale, on doit planter les arbres dans la terre, pas sur des toits d’immeubles. Les arbres vivent avec le sol, et non pas sur des toitures, où ils s’assèchent et sont très peu arrosés. »
A l’heure où nous contactons l’association, elle n’a obtenu aucune réponse ni de la Mairie de Paris, ni des élu·es interpelé·es par les tweets des images qu’elle a postées. Les Amis de la Terre vont pourtant continuer d’interpeller les élu·es, notamment écologistes, pour obtenir une réaction. La Mairie n’a pas non plus donné suite à nos sollicitations pour répondre aux critiques des Amis de la Terre sur son plan de transformation du périphérique.