Nous entrons aujourd'hui en situation de « dette écologique » pendant 156 jours. Il nous faudrait 1,75 Terre pour régénérer l'ensemble des ressources que la nature met un an à produire et à renouveler.
L'année dernière, le jour du dépassement de la Terre a eu lieu le 29 juillet. Cette année, nous avons encore perdu un jour et, depuis ce 28 juillet, nous vivons à crédit de la nature jusqu'à la fin de l'année (soit 156 jours), selon les calculs menés par l'ONG Global footprint network.
Dans un contexte marqué à la fois par la canicule, des feux de forêt gigantesques et la sécheresse, le WWF, qui a popularisé le concept de jour du dépassement de la Terre alerte cette année sur notre système agricole global, responsable de « la surexploitation des ressources » et donc gros contributeur de ce dépassement des limites de la nature. « Nos régimes alimentaires nécessitent aujourd’hui en termes de nourriture de grandes surfaces de cultures et rejettent d'importantes émissions de GES, indique le WWF. Au total, la moitié de la biocapacité de la planète (55 %) est aujourd'hui utilisée pour nourrir l’humanité – avec des modèles très différents les uns des autres. » Selon l'étude, il nous faudrait 1,75 Terre pour vivre comme nous nous le permettons actuellement.
Les pays riches sont, encore une fois, plus responsables que les autres de la « dette écologique », ajoute le WWF : « Notre modèle en Europe est particulièrement responsable de cette surconsommation, où la viande tient une place disproportionnée dans notre alimentation et où l'essentiel de la production est liée à une agriculture intensive. » Et d'égrener les solutions connues : adopter un régime alimentaire avec moins de protéines animales, stopper la conversion des écosystèmes naturels, transformer nos modes de production vers l’agroécologie.
Le répit de 2020 a fait long feu
En 2020 en raison de la crise sanitaire mondiale qui a entraîné confinements et restrictions sanitaires, la Terre avait gagné un peu de répit, avec un jour du dépassement décalé de trois semaines, le 22 août – en 2019, il avait été fixé par les analystes de Global footprint network au 29 juillet. Pour le WWF, cité par Le Monde, « les seules périodes d’accalmie n’ont pas été choisies ni anticipées : elles correspondent aux crises énergétiques (1973, 1979), financière (2008) et sanitaire (2020). »
L'outil de calcul du jour du dépassement est, pour le chercheur associé au CNRS Aurélien Boutaud interrogé par Le Monde imparfait parce qu'il contient « quelques approximations » et ignore certains aspects environnementaux. Toutefois, l'auteur de L'Empreinte écologique (La Découverte, 2018) indique que « l’empreinte écologique est un indicateur très synthétique et a donc énormément d’avantages ».