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© Wendelin Jacobe / Pexels

Changement cli­ma­tique : un nombre “stu­pé­fiant” de travailleur·euses exposé·es aux risques accrus pour la santé

Un nombre “stu­pé­fiant” de travailleur·euses sont exposé·es à un cock­tail toxique de risques pour la san­té liés au chan­ge­ment cli­ma­tique et ils ne sont pas assez protégé·es par les régle­men­ta­tions exis­tantes, alerte l’ONU, ce jour.

Dans un rap­port inti­tu­lé “Assurer la sécu­ri­té et la san­té au tra­vail à l’heure du chan­ge­ment cli­ma­tique” publié ce lun­di, l’Organisation inter­na­tio­nale du tra­vail (l’OIT) met en garde sur les risques liés au chan­ge­ment cli­ma­tique aux­quels sont exposé·es les travailleur·euses. Le chan­ge­ment cli­ma­tique pro­vo­qué par les acti­vi­tés humaines a déjà de lourdes consé­quences sur la san­té et la sécu­ri­té des travailleur·euses du monde entier, sou­vent les premier·ères à en subir les consé­quences les plus néfastes. “Un nombre stu­pé­fiant de tra­vailleurs sont déjà expo­sés aux risques liés au chan­ge­ment cli­ma­tique sur leur lieu de tra­vail, et ces chiffres ne feront pro­ba­ble­ment qu’empirer”, sou­ligne l’OIT. La cha­leur exces­sive est la menace la plus immé­dia­te­ment per­cep­tible. Selon l’OIT, ce sont qua­si­ment 71 % de la main‑d’œuvre mon­diale ou 2,4 mil­liards de travailleur·euses qui sont sus­cep­tibles d’être expo­sés à une cha­leur exces­sive à un moment ou à un autre de leur tra­vail, explique l’organisation, qui se base sur des don­nées de 2020. Vingt ans plus tôt, la pro­por­tion était de 65,5 %.

Travaux pénibles, cli­mats chauds

Outre la cha­leur exces­sive, les ouvrier·ères agri­coles, les cantonnier·ères, ouvrier·ères du bâti­ment et autres per­sonnes qui effec­tuent des tra­vaux pénibles dans des cli­mats chauds en par­ti­cu­lier peuvent être exposé·es à un cock­tail de dan­gers, indique le rap­port : rayons UV, pol­lu­tion de l’air, les mala­dies à trans­mis­sion vec­to­rielle (palu­disme ou dengue, par exemple, dont l’aire géo­gra­phique est influen­cée par le réchauf­fe­ment) et les pro­duits agro­chi­miques. Les per­sonnes tra­vaillant dans des envi­ron­ne­ments inté­rieurs chauds ou dans des espaces clos mal ven­ti­lés courent éga­le­ment un risque impor­tant. “Les tra­vailleurs sont par­mi les plus expo­sés aux risques liés au chan­ge­ment cli­ma­tique et pour­tant, ils n’ont sou­vent d’autre choix que de conti­nuer à tra­vailler, même si les condi­tions sont dan­ge­reuses”, indique le rap­port. “C’est un pro­blème énorme”, a ren­ché­ri Manal Azzi, res­pon­sable de l’équipe Sécurité et san­té au tra­vail de l’OIT, aver­tis­sant que “les tra­vailleurs sont sou­vent oubliés lorsque nous par­lons du chan­ge­ment cli­ma­tique, et que les impacts sur la san­té sont très graves”.

Près de 23 mil­lions d’accidents du tra­vail attri­bués à une cha­leur exces­sive sont signa­lés chaque année, coû­tant envi­ron 19 000 vies par an, selon l’OIT. Le rap­port note que “de nom­breux pro­blèmes de san­té chez les tra­vailleurs ont été liés au chan­ge­ment cli­ma­tique, notam­ment le can­cer, les mala­dies car­dio­vas­cu­laires, les mala­dies res­pi­ra­toires, les dys­fonc­tion­ne­ments rénaux et les pro­blèmes de san­té men­tale”. Par exemple, l’OIT estime que 1,6 mil­liard de travailleur·euses dans le monde seraient exposé·es chaque année aux rayons ultra­vio­lets du soleil, avec plus de 18 960 décès annuels liés au tra­vail dus à un can­cer de la peau autre que le méla­nome. Le même nombre de per­sonnes est expo­sé à la pol­lu­tion sur le lieu de tra­vail, ce qui entraî­ne­rait jusqu’à 860 000 décès chaque année par­mi ceux et celles qui tra­vaillent à l’extérieur. En outre, plus de 870 mil­lions de travailleur·euses agri­coles sont sus­cep­tibles d’être exposé·es aux pes­ti­cides, et plus de 300 000 décès sont attri­bués chaque année à des intoxi­ca­tions aux pesticides.

Adapter les législations

“Il est clair que le chan­ge­ment cli­ma­tique crée déjà des risques sani­taires sup­plé­men­taires impor­tants pour les tra­vailleurs”, a décla­ré Manal Azzi. “Il est essen­tiel que nous tenions compte de ces aver­tis­se­ments. Les consi­dé­ra­tions en matière de sécu­ri­té et san­té au tra­vail doivent faire par­tie inté­grante de nos réponses au chan­ge­ment cli­ma­tique, qu’il s’agisse de poli­tiques ou d’actions”, insiste t‑elle. “Travailler dans un envi­ron­ne­ment sûr et sain est recon­nu comme l’un des prin­cipes et droits fon­da­men­taux au tra­vail de l’OIT. Nous devons res­pec­ter cet enga­ge­ment dans le cadre du chan­ge­ment cli­ma­tique, comme dans tous les autres aspects du tra­vail”, explique encore Manal Azzi. L’OIT estime que l’évolution et l’intensification des risques liés au chan­ge­ment cli­ma­tique pour­raient obli­ger les pays à rééva­luer la légis­la­tion exis­tante ou à créer de nou­velles régle­men­ta­tions et orien­ta­tions pour garan­tir que les travailleur·euses soient cor­rec­te­ment protégé·es.

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