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Nodjialem Myaro, la pré­cur­seure qui a pro­fes­sion­na­li­sé le hand­ball féminin

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Nodjialem Myaro lors du match France-Serbie aux Championnats du monde, le 7 décembre 2003. © STRINGER/AFP

L’ancienne inter­na­tio­nale Nodjialem Myaro est de celles qui ont por­té le hand­ball fémi­nin dans la lumière. Elle conti­nue à se battre pour amé­lio­rer le sta­tut
des joueuses pros à la tête de la Ligue fémi­nine de handball.

A prio­ri, rien ne la pré­des­ti­nait à deve­nir une cham­pionne. « J’ai décou­vert le hand­ball à l’école. Je m’y suis sen­tie bien, à ma place », se sou­vient Nodjialem Myaro. Née au Tchad en 1976, elle arrive à l’âge de 2 ans à Toulouse (Haute-​Garonne), où sa famille s’installe. C’est là qu’elle intègre son pre­mier club, le Toulouse Cheminots Marengo Sports (aujourd’hui Toulouse Féminin Handball), à 14 ans. « J’avais été repé­rée par un entraî­neur. Mais je n’étais pas du tout dans l’optique de deve­nir pro­fes­sion­nelle. Mon idée, c’était sur­tout de me faire plai­sir », confie-​t-​elle.

Des figures de hand­bal­leuses pro­fes­sion­nelles, d’ailleurs, il n’y en a pas. « À cette époque, c’était le hand­ball mas­cu­lin qui rayon­nait. L’un de mes modèles, c’était Stéphane Stoecklin [de l’équipe des « Barjots » dans les années 1990, ndlr] », rap­pelle celle qui, jus­te­ment, contri­bue­ra à impo­ser le hand­ball fémi­nin dans le pay­sage spor­tif. Car Nodjialem Myaro ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une belle car­rière spor­tive qui s’amorce. À 18 ans, son bac et sa natu­ra­li­sa­tion fran­çaise en poche, elle intègre l’ASPTT Metz Handball, le meilleur club fémi­nin de France. Une équipe où elle res­te­ra sept ans, et avec laquelle elle enchaîne les suc­cès : cinq titres de cham­pionne de France et deux Coupes de France.

En paral­lèle, elle intègre l’équipe de France, avec laquelle elle vivra les deux moments les plus mar­quants de sa car­rière : « Le titre de cham­pionne du monde en 2003, et la médaille d’argent au Championnat du monde de hand­ball en 1999. Ma pre­mière médaille mondiale. »

Depuis, elle a décro­ché bien d’autres récom­penses. Mais si celle de 1999 garde une saveur par­ti­cu­lière, c’est que per­sonne ne l’avait vue venir. Ni l’équipe ni les médias. « Quand on est arri­vées en finale, ça a cham­bou­lé le pro­gramme des chaînes. C’est à par­tir de là qu’on a com­men­cé à être un peu connues, et qu’on a vou­lu avoir notre hand­ball féminin. »

À la fin des années 1990, le hand se conjugue encore au mas­cu­lin. Jusque dans les tenues, taillées et cou­pées pour les gar­çons. « Il a fal­lu créer toute l’identité de l’équipe de France fémi­nine », rap­pelle Nodjialem Myaro. La prime, non plus, n’est alors pas la même que celle des joueurs. « On n’a pas accep­té cette dif­fé­rence de trai­te­ment. Et très vite, André Amiel [alors pré­sident de la Fédération fran­çaise de hand­ball] a per­mis de rééqui­li­brer les choses », détaille l’ancienne inter­na­tio­nale, qui offi­cie aujourd’hui comme consul­tante spor­tive pour la télévision.

Psychologue, pré­pa­ra­trice men­tale et présidente

Après avoir joué au Danemark, au Havre, à Marseille, à La Réunion – où sont nés ses enfants – puis à Nice, la joueuse a quit­té le ter­rain en 2013. Elle exerce comme psy­cho­logue – son autre pas­sion – auprès de sportif·ves et comme pré­pa­ra­trice men­tale pour les joueurs pro­fes­sion­nels du Toulouse Football Club. Mais elle n’a pas lâché le hand pour autant. Vice-​présidente de la Fédération fran­çaise de hand­ball, Nodjialem Myaro pré­side aus­si la Ligue fémi­nine de hand­ball depuis 2013. Et tra­vaille, depuis près de dix ans, à déve­lop­per et struc­tu­rer le hand­ball fémi­nin, bien dif­fé­rent de celui qu’elle a connu à ses débuts. « Sa visi­bi­li­té a beau­coup évo­lué. On le voit avec les matchs de l’équipe de France, qui sont dif­fu­sés à la télé­vi­sion, sur des chaînes en clair, de manière plus conti­nue qu’avant. Les contrats des joueuses du cham­pion­nat sont deve­nus pro­fes­sion­nels, ce qui leur offre une meilleure sta­bi­li­té. Et l’an der­nier, il y a eu la signa­ture d’une conven­tion col­lec­tive, qui per­met aux joueuses d’avoir une conti­nui­té de salaire et des congés mater­ni­té », se réjouit-​elle.

Il y a de quoi : le hand­ball est le pre­mier sport, en France, à avoir adop­té un accord sec­to­riel pour garan­tir des droits aux joueuses. « Le hand­ball fémi­nin a tou­jours eu une his­toire mili­tante, et a été pré­cur­seur dans de nom­breux domaines », appuie Nodjialem Myaro, qui voit dans cet accord « une étape ». « On a encore des marges de pro­gres­sion, notam­ment sur les par­te­na­riats et la média­ti­sa­tion. Le jour où les clubs pour­ront béné­fi­cier de droits télé, ce sera une belle avan­cée. » Une vic­toire que les hand­bal­leuses fran­çaises fini­ront bien par décrocher.

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