L’instance dirigeante du rugby gallois, qui fait actuellement face à des allégations de sexisme, a retiré mercredi 1er février du répertoire des supporter·trices la chanson Delilah de Tom Jones qui banalise les violences faites aux femmes.
Bye, bye, Delilah. La Fédération galloise de rugby (WRU) a ordonné, mercredi 1er février, que la chanson Delilah, tube de 1968 de Tom Jones, soit retirée de la liste des chants des supporter·trices du Principality Stadium de Cardiff, rapporte The Guardian. La Fédération a ajouté que les chorales de supporter·trices ont également été invitées à ne plus interpréter cette chanson lors de leurs performances d'avant-match et tout au long de leurs rencontres extérieures.
Très souvent entonnée par les fans du XV du Poireau, au point de devenir au fil des années un hymne officieux du club, la chanson raconte un féminicide : un amant jaloux poignarde une femme après l’avoir vue avec un autre. « Elle se tenait là en riant, j’ai senti le couteau dans ma main et elle n’a plus ri », chante le Gallois Tom Jones, qui avait sorti le titre sur un album éponyme confirmant son succès. La banalisation des violences faites aux femmes véhiculées par le titre avait déjà fait l’objet de nombreuses critiques au Pays de Galles. En 2014, le musicien et homme politique Dafydd Iwan avait demandé aux supporter·trices gallois·es d’arrêter de le chanter.
Climat particulièrement délétère au sein de la Fédération
« La WRU condamne les violences domestiques de toute nature […], a expliqué un porte-parole de la Fédération galloise après l’annonce de cette décision symbolique, indique The Guardian. Nous sommes respectueusement conscients qu’elle est problématique et bouleversante pour certains supporters en raison de son sujet. » À l’image de la France où les instances du foot luttent contre les chants homophobes dans les stades, le rugby gallois entend donc éliminer les chants violents à l’égard des femmes. Mais si l’annonce du bannissement de la chanson est une bonne nouvelle, elle s’est accompagnée de quelques critiques. Elle intervient en effet alors que la fédération galloise essuie actuellement de graves accusations de sexisme.
Auprès des médias gallois, plusieurs anciennes employées ont ainsi dénoncé un climat particulièrement délétère au sein de l'instance, dénonçant notamment des comportements sexistes dont elles disent avoir été victimes pendant des années et ce jusque dans les hautes sphères dirigeantes. En 2019, au centre d’entraînement gallois de Glamorgan, « un homme a dit qu’il voulait me ramener à l’hôtel, m’attacher sur le lit et me violer », confiait ainsi Charlotte Wathan ex-directrice du rugby féminin gallois à la BBC fin janvier.
Dans ce contexte, le directeur général de la Fédération de rugby, Steve Phillips, a même démissionné de son poste dimanche 29 janvier. En réaction à l’interdiction du tube de Tom Jones dans les tribunes, la star de l’équipe nationale Louis Rees-Zammit s’est fendu d’un tweet : « De toutes les choses qu’ils doivent faire, c’est ça qu’ils font en premier. » Reste à voir si les supporter·trices suivront cette prescription ce samedi lors de l’ouverture du Tournoi des six nations à Cardiff.