Dans une lettre ouverte diffusée ce lundi, le Conseil national de l’éthique de Fédération française de football a indiqué que les joueurs ayant refusé de porter le maillot aux couleurs arc-en-ciel le week-end dernier « se rendent complices des comportements homophobes », mais qu'ils ne seront pas sanctionnés.
Lundi 15 mai, le Conseil national de l’éthique (CNE) de la Fédération française de football (FFF) a adressé une lettre ouverte à la Ligue Professionnelle de Football et aux joueurs. Dans ce courrier, le CNE a réagi aux faits qui se sont déroulés le week-end précédent. Samedi 13 et dimanche 14 mai, une poignée de footballeurs ont refusé de revêtir le maillot de leur équipe avec le flocage arc-en-ciel à l’occasion de la campagne annuelle « Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot » organisé par la Ligue de football pour lutter contre l'homophobie.
Dans cette lettre, le CNE affirme son « regret » face aux « comportements des quelques joueurs qui ont refusé de porter le maillot de cette journée de championnat ». L'organisme consultatif a indiqué que « pour ceux qui ne se sentent pas concernés par la lutte contre l'homophobie, porter un numéro arc-en-ciel dans le cadre d'une action nationale organisée par le football professionnel français doit faire partie de ces compromis et ne saurait présenter un caractère insupportable ». Le CNE rappelle aux joueurs que « même s'ils n'en ont pas conscience, ils se rendent complices des comportements homophobes ».
Pour autant, l'organisme consultatif « ne saisira pas la commission de discipline » de l’instance dirigeante du football français. Patrick Anton, le président du CNE, a expliqué, sur RTL lundi que la FFF « veut faire œuvre de pédagogie et [qu'elle] ne veut pas être une instance disciplinaire ». Mais, « en revanche, nous leur proposons de nous rencontrer pour qu'on puisse leur expliquer les raisons pour lesquelles on considère que leur position n'est pas appropriée. Les joueurs qui se sont exprimés ont dit que c'était par conviction religieuse. Que l'homosexualité soit dans certaines religions proscrites, on veut bien l'entendre. Mais ça ne les empêche pas de soutenir cette cause », a expliqué Patrick Anton.
"Du chemin à parcourir", aux yeux de la ministre à l'Egalité
Le CNE a tenu a également tenu rappeler dans sa lettre que « nous devons tous nous sentir concernés par toutes les discriminations, et pas seulement celles qui nous concernent. Refuser de lutter contre les discriminations qui touchent les autres, c’est risquer de cautionner les discriminations dont on peut faire soi-même l’objet », et a enfin souligné que « les footballeurs sont considérés par beaucoup de jeunes comme des sources d’inspiration et des exemples. Leur comportement est observé, puis copié. Les footballeurs le savent et se doivent d’agir en conséquence ».
Interrogée par Causette, la ministre à l'Egalité Isabelle Lonvis-Rome a estimé que « les comportements de ces footballeurs démontrent qu’il reste du chemin à parcourir dans la lutte contre la haine anti-LGBT+ et pour l’inclusion. » Annonçant que le futur plan national contre la haine anti-LGBT+, qu'elle présentera en juin, intègrera des mesures pour l'inclusion dans le sport actuellement élaborées avec la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, Isabelle Lovins-Rome ajoute : « Le sport est un formidable vecteur d’émancipation et de fraternité. Il doit le rester. Il ne doit jamais être ni une source d’oppression ni un lieu de discrimination. Ce combat nécessite la mobilisation de tout le monde sportif et de la société dans son ensemble. »
Une sanction financière pour un joueur nantais
Côté sanctions des clubs, c'est pour l'heure le FC Nantes qui a réagi à la suite du boycott du match du week-end par son attaquant Mostafa Mohamed. « Vu mes racines, ma culture, l’importance de mes convictions et croyances, il n’était pas possible pour moi de participer à cette campagne », avait justifié l'international égyptien sur ses réseaux sociaux.
Si Mostafa Mohamed n'est pas sanctionné par la FFF, le joueur de 25 ans sera « sanctionné financièrement » par le FC Nantes, qui l'a fait savoir lundi dans un communiqué. Mais il ne sera pas sanctionné sportivement lors des trois dernières journées du championnat de France. Le club ne précise pas le montant de la sanction mais a fait savoir que cet argent sera versé à l’association SOS Homophobie.
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