À deux mois du début de la compétition, la France n’a toujours pas de diffuseur télé pour la rediffusion des matchs des Bleues. Le sélectionneur Hervé Renard pointe la responsabilité de la Fifa, « trop demandeuse au niveau des droits ».
Toujours pas de fumée blanche, sept jours après le lancement des négociations par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Et le temps presse. Il reste précisément soixante-cinq jours pour trouver un diffuseur pour la Coupe du monde féminine, sans quoi les matchs de l’équipe de France passeront sous le nez des téléspectateur·rices français·es.
Jusqu’à présent, aucun diffuseur français n’a en effet accepté de payer les droits télévisés de la compétition qui se déroulera en Australie et en Nouvelle-Zélande du 20 juillet au 20 août prochain. Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a critiqué début mai des offres « très décevantes » et « inacceptables » proposées par les médias français, mais aussi anglais, espagnols, italiens et allemands. De leur côté, certaines chaînes françaises jugent la somme réclamée par la Fifa bien trop élevée, alors que les matchs devront être diffusés à midi en raison du décalage horaire.
La ministre des Sports joue la médiatrice
Le 10 mai dernier, Amélie Oudéa-Castéra est à son tour entrée dans la bataille en engageant « des discussions avec la Fifa ». Dans l'espoir de trouver rapidement une issue, elle a également commencé à contacter « chacun des diffuseurs français » afin de « contribuer à rapprocher les vues » , rapporte Le Parisien. Sans succès pour le moment visiblement.
Certain·es spécialistes mettent en cause la temporalité d’une compétition qui se déroulera en plein cœur de l’été. « Une coupe du monde qui se déroule aussi tardivement dans l’été, ce n’est jamais arrivé, explique ainsi Sacha Nokovitch, journaliste à L’Équipe auprès de franceinfo. Après le 14 juillet, le marché publicitaire s’effondre, les audiences sont beaucoup moins fortes. » Ce qui expliquerait en partie pourquoi les deux parties n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente. « On a une Fifa qui veut autour de 20 millions d'euros, ce qui est à peu près ce qu'elle réclamait pour la Coupe du monde réalisée en France il y a quatre ans. Et on a des chaînes qui sont positionnées autour de 5 ou 7 millions d'euros, pas plus, vu la réalité du marché », indique le journaliste. De son côté, le patron de la Fifa ne souhaite pas brader la compétition féminine : « Pour être très clair, il est de notre obligation morale et légale de ne pas sous-vendre la Coupe du monde féminine », a‑t-il martelé début mai.
« Jeu du chat et de la souris »
Pour le sélectionneur de l’équipe de France féminine de football, Hervé Renard, « ce n’est pas un problème des diffuseurs, c’est un problème de la Fifa qui est trop demandeuse au niveau des droits ». Au micro de BeIN Sports, il a pointé un « jeu du chat et de la souris ». « J’espère que tout le monde va y mettre du sien parce qu’il faut absolument que cette Coupe du monde soit retransmise en France. Je suis persuadé qu’elle le sera. Maintenant, est-ce qu’on peut tabler aussi haut aujourd’hui pour le football féminin ? Je n’ai pas la réponse. Je ne suis pas dans le marketing, ni dans les instances de la Fifa et de la Fédération pour décider de ce côté-là », a‑t-il déclaré sur le plateau de la chaîne de sport.
Une impasse qui agace également la capitaine de l’équipe de France féminine, Wendie Renard. « Si on n’a pas de diffuseur, ça voudra dire qu’on fait marche arrière », dénonce-t-elle auprès de franceinfo. Il reste deux mois pour lever le frein à main.
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