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©Andre Ouellet

Gymnastique : la ministre des Sports annonce l’ouverture d’une enquête après des témoi­gnages de vio­lences phy­siques et psy­cho­lo­giques en équipe de France

Six anciennes gym­nastes de l’équipe de France fémi­nine ont dénon­cé des vio­lences phy­siques et psy­cho­lo­giques dans une enquête dif­fu­sée dimanche soir dans l’émission spor­tive Stade 2 sur France 2. 

Pour la pre­mière fois, la parole se libère dans le milieu de la gym­nas­tique artis­tique fran­çaise. Dans une enquête exclu­sive, dif­fu­sée dimanche 14 mai dans l’émission Stade 2 sur France 2 (dis­po­nible en replay), six anciennes gym­nastes de l’équipe de France fémi­nine témoignent publi­que­ment des vio­lences qu’elles auraient subies de la part de cadres de la fédé­ra­tion fran­çaise de gym­nas­tique. Quatre d’entre elles s’expriment d’ailleurs à visage décou­vert face à la camé­ra. Aujourd’hui âgées de 20 ans à 30 ans, ces jeunes femmes épinglent prin­ci­pa­le­ment une enca­drante de l’équipe de France ain­si qu’un couple d’entraîneurs dont les iden­ti­tés n’ont pas été révé­lées par France Télévisions. 

Les faits dénon­cés vont de remarques et insultes notam­ment sur le phy­sique jusqu’à des vio­lences phy­siques et de la mal­trai­tance. Face à la camé­ra de France 2, Valentine Sabatou aujourd’hui âgée de 26 ans, explique ain­si avoir été contrainte de par­ti­ci­per à l’âge de 16 ans à une démons­tra­tion mal­gré une frac­ture à la che­ville et alors que l'entraîneur était « au cou­rant » de cette bles­sure et qu’elle ne pou­vait plus mar­cher. Elle témoigne au total d’une ving­taine de bles­sures graves en sept ans sans que cela ques­tionne, selon elle, les méde­cins de l’équipe de France ou ses entraîneur·euses. « On était uni­que­ment des objets à per­for­mances, on s’en fou­tait de notre san­té », déplore Valentine Sabatou qui a quit­té la fédé­ra­tion en 2015. 

Remarques répé­tées sur le poids 

À l’instar de deux autres ath­lètes qui témoignent sous cou­vert d’anonymat, Clara Della Vedova dénonce de son côté avoir subi de nom­breuses insultes, notam­ment sur son poids. « L'entraîneur qui vient me voir et qui me regarde de haut en bas et qui me dit, c'est quand que tu vas arrê­ter de gros­sir ?, raconte-​t-​elle. Je n’ai pas su quoi répondre. » 

Contacté par France Télévision, l’ex-entraîneur de l’équipe de France mis en cause – qui entraîne désor­mais dans l’est de la France – s’est défen­du par écrit. Aux accu­sa­tions de négli­gence et de mal­trai­tance de Valentine Sabatou, il répond qu'il est « impos­sible d’effectuer un exer­cice au sol avec une che­ville frac­tu­rée. La gym­naste n’aurait cer­tai­ne­ment pas mis sa san­té en dan­ger si elle n’avait pas pu faire cette démons­tra­tion ». Il assure avoir « tou­jours sui­vi les recom­man­da­tions du ser­vice médi­cal de l’Insep [Institut natio­nal du sport, de l’expertise et de la per­for­mance, ndlr] et de la fédé­ra­tion fran­çaise de gym­nas­tique ». Quant aux insultes et remarques gros­so­phobes, l’ex-entraîneur n’écarte pas sa res­pon­sa­bi­li­té. « Depuis 2000, j’ai appris au fil des ans qu’une parole une fois lan­cée, même dans le feu de l’action spor­tive, peut un jour res­sur­gir, atteste-​t-​il. Je regrette que celle que j’aurais ain­si pro­non­cée, ait pu cho­quer une gym­naste que j’accompagnais vers le haut niveau olympique ». 

Violences phy­siques 

Les anciennes gym­nastes pointent aus­si la res­pon­sa­bi­li­té d’une haute res­pon­sable de l’équipe de France fémi­nine de gym­nas­tique artis­tique. Elles dénoncent notam­ment de nom­breuses cri­tiques sur leur phy­sique. Une pres­sion telle que cer­taines ont par­fois mis leur san­té en dan­ger. Camille Bahl – en équipe de France entre 2014 et 2017 de ses 14 à 19 ans – déclare ain­si avoir subi des remarques répé­tées sur son phy­sique et son ali­men­ta­tion de la part de cette res­pon­sable. « Elle me deman­dait de perdre trois kilos en une semaine, explique l’ancienne gym­naste. Ça m’est arri­vé de man­ger que des pommes pen­dant quatre jours. »

De son côté, Marine Petit, 15 ans à l’époque des faits qu’elle dénonce, témoigne avoir été giflée par cette enca­drante après avoir par­ti­ci­pé à une fête lors des jeux olym­piques de Pékin en 2008. 

Invitée sur le pla­teau de Stade 2, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-​Castéra s’est dit « bou­le­ver­sée » par ces témoi­gnages. Elle a assu­ré ne pas avoir eu connais­sance de ces accu­sa­tions et a annon­cé l’ouverture d’une enquête après la dif­fu­sion de l'émission. « Ce qu’il faut, c’est qu’on puisse ouvrir une enquête et on va le faire dès demain (lun­di) matin avec les équipes du minis­tère des Sports », a‑t-​elle décla­ré, pré­ci­sant qu’elle allait convo­quer le pré­sident de la Fédération fran­çaise de gym­nas­tique, James Blateau. Pour le moment, les per­sonnes mises en cause par les gym­nastes n’ont reçu aucune sanc­tion pénale ou dis­ci­pli­naire. De son côté, la Fédération fran­çaise de gym­nas­tique n’a pas réagi à la dif­fu­sion du reportage. 

Lire aus­si I Comment Simone Biles est en train de cre­ver le tabou de la san­té men­tale chez les athlètes

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