À l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie qui se tient ce mercredi, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a dévoilé dans Libération le plan d’action qu'elle a présenté ce matin au Comité national olympique sportif français (CNOSF).
Dans le cadre de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie qui a lieu ce mercredi 17 mai et après le fiasco de la campagne annuelle « Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot » organisée par la Ligue de football, la ministre des Sports veut passer à la vitesse supérieure. Dans une interview donnée à Libération, Amélie Oudéa-Castéra dévoile un plan d’action pour mieux lutter contre les discriminations anti-LGBTQ+ dans le sport. En lien avec Isabelle Rome, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, la ministre des Sports l'a présenté ce matin au Comité national olympique sportif français (CNOSF).
Dans le détail, le plan est composé de trois axes. Dans un premier temps, la ministre des Sports souhaite « mieux prendre en compte dans le champ sportif les enjeux et les droits des personnes LGBT+ ». Amélie Oudéa-Castéra entend ensuite « systématiser les sanctions contre les auteurs d’actes anti-LGBT+ » et enfin « favoriser la pratique sportive de toutes et tous, dans le respect de la diversité et de l’équité sportive ». Devant le CNOSF, elle a martelé : « Le sport dans son ensemble doit se mobiliser pour porter et défendre une même vision : celle d’un sport qui doit faire grandir, jamais rabaisser, qui doit permettre de se réaliser, jamais de se renier, qui doit ouvrir, jamais rejeter. »
Rendre systématique le dépôt de plainte
Parmi les différentes mesures préconisées pour endiguer ces discriminations et faire reculer la haine sur les terrains de sport, Amélie Oudéa-Castéra propose notamment de « rendre automatique la peine complémentaire d’interdiction judiciaire de stade pour les auteurs de propos discriminatoires ». Selon la même logique, la ministre des Sports a mentionné le dépôt de plainte systématique de signalements « au procureur de la République, [avec] constitutions de partie civile pour les associations ou les fédérations sportives qui ont connaissance de telles discriminations ».
Amélie Ouéda-Castéra a également évoqué la nécessité de sensibiliser « les commissions disciplinaires » aux discriminations, afin que celles-ci soient systématiquement identifiées et signalées en vue d’être sanctionnées. Les juges et arbitres seront obligé·es de suivre une formation pour qu’ils et elles soient en mesure d’identifier des discriminations anti-LGBT et de comptabiliser sur les feuilles de match.
Inclure les athlètes trans
Interrogée sur les droits des athlètes trans dans les compétitions sportives, la ministre des Sports a affirmé à Libération vouloir « mettre l’accent sur l’encouragement à la pratique sportive des personnes trans pour bien prendre en compte leurs spécificités, développer les leviers et, en cas de choix, à tous les âges et à tous les niveaux de performance ».
En ce qui concerne le sujet brûlant de l'accès aux compétitions féminines des athlètes trans féminines, la ministre a expliqué vouloir trouver « le bon équilibre » entre un « c’est non, vous ne participerez pas » et un « oui de principe ». Pour cela, elle compte s'appuyer sur « un groupe d’experts pour définir des critères objectifs, mesurables et équitables » qui permettront de favoriser l'inclusion des personnes trans dans les compétitions sportives. Ce groupe d'experts sera composé d'athlètes de haut niveau, de médecins, d'experts et de représentants des fédérations.
Amélie Ouéda-Coustera compte également sur les Jeux de Paris 2024 pour favoriser l'inclusion de ces athlètes. Durant l'événement, « une Maison des fiertés » sera mise en place. Il s’agira d’un lieu destiné à « l'accueil des supporters, des athlètes et de tous les alliés de la cause LGBT+ ». Un budget « à hauteur de 450 000 euros, dont 100 000 euros de l’Etat » va être mobilisé.
Enfin, Amélie Ouéda-Coustera a annoncé « octroyer l’agrément à la Fédération sportive LGBT+ ». Cela signifie que la ministre reconnaît que « cette fédération exerce une mission de service public » et cela ouvrira la voie à la fédération « à des financements renforcés pour cette instance ».
Dimanche, la ministre des Sports avait réagi au refus de certains joueurs professionnels de football de porter le maillot avec un flocage arc-en-ciel, demandant aux différents clubs concernés de sanctionner les joueurs. Avec ce plan d'action, elle entend désormais convaincre qu’il est indispensable de systématiser les sanctions contre les auteur·rices d’actes anti-LGBTQ+.
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