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© Marsatac

Safer, le dis­po­si­tif qui veut lut­ter contre les vio­lences sexuelles en milieu festif

Articulé autour d’une appli­ca­tion d’alerte et de cam­pagnes de sen­si­bi­li­sa­tion, Safer sera déployé pour la pre­mière fois durant le fes­ti­val Marsatac, les 20, 21 et 22 août à Marseille. Entretien avec Marc Brielles, char­gé du déve­lop­pe­ment du projet.

Causette : C’est quoi Safer ?
Marc Brielles : On a déve­lop­pé une appli­ca­tion d’alerte gra­tuite pour les fes­ti­va­lières et fes­ti­va­liers, avec un sys­tème de géo­lo­ca­li­sa­tion tem­po­raire. Durant l’événement, si quelqu’un est vic­time ou témoin de har­cè­le­ment ou d’une vio­lence sexuelle ou sexiste, il le signale sur son télé­phone, nos équipes sont pré­ve­nues et peuvent se rendre le plus vite pos­sible auprès des per­sonnes. Ensuite, il y a un accom­pa­gne­ment et une prise en charge si nécessaire.

Votre dis­po­si­tif va au-​delà de l’application… 
M.B. : Effectivement, le déploie­ment phy­sique est essen­tiel. On met en place un stand sur le lieu du fes­ti­val, avec une pro­fes­sion­nelle du Centre d’information des droits des femmes et des familles (CIDFF) sur place pour accueillir la parole, notam­ment si ce sont des sujets un peu trop lourds ou com­pli­qués à gérer pour nos simples bénévoles.

Les béné­voles sont néan­moins sensibilisé·es à ces pro­blé­ma­tiques ?
M.B. : Oui ! Ils vont être for­més via un outil de sen­si­bi­li­sa­tion. Ils vont suivre des for­ma­tions en ligne sur des MOOCs [mas­sive open online course, en fran­çais for­ma­tion en ligne ouverte à tous]. Pour le fes­ti­val Marsatac, il s’agit là d’une petite édi­tion avec 5000 fes­ti­va­lières et fes­ti­va­liers donc on va fonc­tion­ner avec une dizaine de béné­voles. Mais la recherche de béné­voles et de per­sonnes enga­gées sur le sujet est un autre gros défi à relever. 

Quels sont les objec­tifs ? 
M.B. : Le but c’est que les per­sonnes puissent faire la fête dans un lieux plus sécu­ri­sé. Il ne sera pas 100% safe, mais au moins qu’on se sente un peu plus plus à l’aise et que l’on sache qu’il y a des per­sonnes qui peuvent agir et inter­ve­nir en cas de pro­blème. Mais l’objectif c’est aus­si la sen­si­bi­li­sa­tion. Si on arrive dans un fes­ti­val et qu’on sait qu’il y a un dis­po­si­tif, peut-​être que ça va cal­mer quelques ardeurs, ça va aus­si libé­rer la parole… Cela sen­si­bi­lise le public, mais éga­le­ment les équipes autour car notre for­ma­tion peut être dis­pen­sée au personnel.

Comment est né ce pro­jet ? 
M.B. : Il a mûri chez Orane, l’association orga­ni­sa­trice du fes­ti­val Marsatac, l’an der­nier. Le fes­ti­val n’ayant pas pu avoir lieu, ça nous a don­né un peu de temps pour réflé­chir. La lutte contre les vio­lences sexuelles et sexistes, c’est un sujet qui nous tenait à cœur. En 2018, Consentis [NDLR : asso­cia­tion qui milite pour une culture du consen­te­ment sexuel dans les fes­ti­vals et boîtes de nuit] a sor­ti une enquête qui indique que 50% des femmes inter­ro­gées ont déjà été vic­times de vio­lences sexuelles ou se sont sen­ties en insé­cu­ri­té dans un lieu fes­tif. Ça nous a don­né envie d’agir et de créer des outils pour que tout le monde puisse faire la fête nor­ma­le­ment et libre­ment. On a fait une pro­po­si­tion au Centre natio­nal de la musique qui a accep­té de nous sou­te­nir et qui a pro­po­sé de faire une mutua­li­sa­tion avec d’autres orga­ni­sa­tions pour créer un outil qui puisse ser­vir au plus grand nombre dans cette lutte. Ensuite, on a eu l’idée d’une appli­ca­tion parce qu’on s’est deman­dé com­ment inter­ve­nir le plus vite possible. 

Comment s’assurer qu’un maxi­mum de per­sonnes télé­charge et uti­lise l’application ? 
M.B. : C’est un vrai défi. On va mettre des QR codes dans les queues et files d’attente pour qu’on puisse la télé­char­ger faci­le­ment. On essaie éga­le­ment de faire en sorte qu’il y ait un lien pour télé­char­ger l’application sur le billet élec­tro­nique du fes­ti­val. Dans un second temps, il serait bien que Safer soit inté­gré direc­te­ment dans l’application offi­cielle du festival.

Et la suite ? 
M.B. : Là, on va tes­ter l’outil au fes­ti­val Marsatac et le mettre à l’épreuve. Ici, le fes­ti­val est en exté­rieur mais on réflé­chit à le mettre en place dans des clubs et des endroits où il y aurait un peu moins de réseau. En fait, ce que nous ont deman­dé le Centre natio­nal de la musique et le Ministère de la Culture, c’est la mutua­li­sa­tion : mettre en place un outil le plus per­for­mant pos­sible pour ensuite le mettre à la dis­po­si­tion de tous les évé­ne­ments au niveau natio­nal : les clubs, les fes­ti­vals… Mais ça peut aller plus loin. On en a dis­cu­té avec la ville de Marseille, où nous sommes basés, et on a par­lé de le mettre en place lors des évé­ne­ments spor­tifs, par exemple.

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