Romane Bohringer : « Je me demande sans cesse à par­tir de quand une mère est défaillante »

Petites, le pre­mier long-​métrage de Julie Lerat-​Gersant, rend puis­sam­ment hom­mage aux mères ado­les­centes et rési­lientes. Il nous per­met de retrou­ver Romane Bohringer, trop rare au ciné­ma. Entretien avec une actrice « obsé­dée » par la ques­tion de la maternité…

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Romane Bohringer dans Petites

Causette : Vous occu­pez une place à part dans Petites. Racontez-​nous votre ren­contre avec ce per­son­nage d’éducatrice dans un centre mater­nel…
Romane Bohringer :
En réa­li­té, c’est plus une his­toire d’amitié que de per­son­nage. J’ai ren­con­tré Julie Lerat-​Gersant sur La Cantatrice chauve, d’Eugène Ionesco, il y a six ou sept ans. En plus d’être une excel­lente comé­dienne, Julie est une femme excep­tion­nelle. Elle m’a sidé­rée par son éner­gie, sa flam­boyance, sa géné­ro­si­té, son huma­ni­té. Un vrai coup de cœur ! Elle avait déjà com­men­cé à écrire son scé­na­rio alors que nous étions en tour­née. Je sui­vais donc au plus près sa nais­sance en tant qu’autrice et réa­li­sa­trice. Je lui ai ain­si per­mis de ren­con­trer ma pro­duc­trice, Sophie Révil – c’est elle qui a pro­duit L’Amour flou –, lors d’un fes­ti­val, et elles se sont ado­rées ! Disons que j’ai été un peu la mar­raine du film. Je vais avoir 50 ans. C’est l’avantage de l’âge, je connais un peu plus de monde (rires) !

Vous don­nez presque l’impression d’avoir été sur­prise qu’elle vous pro­pose un rôle !
R. B. :
Oui, car ce qui m’importait, c’était que son film existe. Lorsqu’elle m’a dit qu’elle avait un rôle pour moi, j’ai été très tou­chée, bien sûr. Surtout que ce rôle est impor­tant, puisque mon per­son­nage incarne le point de vue de Julie. Au-​delà de ça, pour­tant, je dois dire que son scé­na­rio m’a sidé­rée : il traite à peu près de tous les sujets qui m’obsèdent. À savoir la mater­ni­té, l’abandon et la trans­mis­sion. Ainsi, le fait que Camille, l’héroïne ado­les­cente de Petites, doive se défaire de sa mère, aimante mais toxique, pour arri­ver à deve­nir la jeune femme qu’elle doit être, cela me bou­le­verse et me parle de façon très intime. Mais je ne suis pas si sur­prise. Même si nos par­cours sont dif­fé­rents, Julie et moi sommes han­tées par les mêmes ques­tions. Par exemple : ça veut dire quoi, avoir une mère défaillante ? D’ailleurs, ce sera le thème de mon deuxième long-métrage…

Un film qui res­te­ra dans la veine hybride de l’autofiction, laquelle vous a si bien réus­si avec L’Amour flou, le film puis la série ?
R. B. :
Oui, mais non. Enfin… Je vous explique : il y a trois ou quatre ans, j’ai ache­té les droits du livre que Clémentine Autain a écrit sur sa mère, la comé­dienne Dominique Laffin, Dites-​lui que je l’aime. J’ai été ouverte en deux par ce bou­quin ! Au départ, ma volon­té était d’en faire un film de fic­tion, mais ça s’est trans­for­mé en un récit auto­fic­tif mêlé à celui de Clémentine. De fait, comme c’est un film sur la mère, mon cos­cé­na­riste, Gabor Rassov, ne ces­sait de me dire : com­ment ne pas par­ler de la tienne ? C’est vrai que j’en ai peu par­lé jusqu’à pré­sent… Je ne veux pas en dire davan­tage, je viens tout juste de finir d’écrire le scé­na­rio. Mais il y sera ques­tion des mêmes thé­ma­tiques que dans Petites. Notamment : pour­quoi abandonne-​t-​on son enfant ?

Est-​ce que, comme Petites, votre film adop­te­ra la forme d’un drame tout à la fois social et ultra­sen­sible ? Disons entre Ken Loach et John Cassavetes ?
R. B. :
Ce sera moins social et plus intime. Cela étant, même là, dans le domaine de la forme, nous avons une obses­sion com­mune avec Julie : com­ment faire pour que la vie trans­perce la fic­tion ? Je suis de plus en plus à la recherche de ça. De cette vérité…

Petites, de Julie Lerat-​Gersant. En salles.

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