Témoignage de Raed Jaser, organisateur de soirées, à Ramallah.
« Je vis à Ein Musbah, l’un des quartiers les plus vivants de Ramallah, près du centre-ville. Habituellement, à cette époque, tous les magasins, les bars et les restaurants sont ouverts, et les gens sortent beaucoup, surtout la nuit. Ramallah est connue pour être une ville qui ne dort jamais. Mais avec la quarantaine, tout s’est arrêté. Alors, avec plusieurs DJ, nous avons organisé un événement qu’on a appelé « Flash mob Covid-19 » : on a invité les gens à sortir sur leurs balcons et leurs toits, pendant que des DJ jouaient pour eux depuis leur immeuble. C’était une façon de remonter le moral des patients confinés dans les hôtels de la ville, de remonter le moral des gens qui sont chez eux et d’envoyer un message au monde entier pour dire que, à Ramallah, nous sommes des gens qui aimons la vie !
L’idée m’est venue quand, à la télévision, j’ai vu qu’en Italie des musiciens jouaient pour leurs voisins. Ça m’a beaucoup plu. Comme je possède une agence d’organisation de soirées, j’ai une bonne connexion avec les DJ locaux, donc j’ai décidé d’organiser ça, avec certains d’entre eux, pour briser le silence de la ville. Le premier flash mob a eu lieu fin mars, un jeudi soir, car habituellement, c’est le jour où les gens sortent faire la fête. Les autorités nous ont soutenus. De 20 heures à 21 heures, cinq DJ ont joué dans cinq quartiers, en mélangeant différents styles de musique. Les gens dansaient, allumaient et éteignaient les lumières de leurs téléphones et de leurs balcons. Ce fut une nuit incroyable. Après ça, on nous a demandé de recommencer, on a donc organisé un deuxième flash mob début avril. Nous avons dû nous arrêter en raison du ramadan, mais si la quarantaine continue après, c’est clair que je recommencerai à organiser ces événements, sur une base hebdomadaire. Et comme les DJ n’ont plus de travail en ce moment, ils ne refuseront pas de répandre un peu de bonheur et de plaisir aux habitants de Ramallah. »