La notion de consentement que le président Emmanuel Macron veut inscrire dans le droit français était, mardi 19 mars, au centre du procès du “violeur de Tinder” qui se tient actuellement à Paris.
Les accusatrices ont commencé à témoigner au procès qui s’est ouvert lundi de Salim Berrada, 38 ans, surnommé par la presse le “violeur de Tinder”. Accusé de viol par treize femmes et d’agression sexuelle par quatre autres, souvent rencontrées sur des sites de rencontre sur Internet, il soutient que toutes ces relations étaient consenties. Photographe, il leur proposait des séances photo à son studio, chez lui.
Ce fut le cas d’Alice, par exemple. Elle a 20 ans quand Salim Berrada la contacte sur un site de mannequins. Elle regarde son travail, aime ses photos, accepte le rendez-vous pour une séance photo pour de la lingerie. La jeune femme pose en sous-vêtements, sur le canapé. Elle entend le bruit de l’appareil photo qu’on pose. “Et en l’espace de quelques secondes, il était sur moi.”
Il lui tient fermement les poignets au-dessus de la tête, la viole, la déplace, continue. “Il faisait de drôles de bruits, des grognements, moi, je tournais la tête et je pleurais.” Alice hésite longtemps à porter plainte, même quand elle entend parler d’autres victimes potentielles. “Je ne pensais pas être dans la même catégorie, parce que je me suis laissé faire”.
“Certes, vous ne l’avez pas repoussé, certes vous avez laissé faire”, lui dit le président Thierry Fusina, mais “est-ce qu’il a pu se rendre compte que vous n’étiez pas consentante ?” Elle acquiesce. Son avocate, maître Sophie Rey-Gascon, insiste. “Pleurer du début à la fin, ça ne veut pas dire ‘non’ ?”
Lucie* raconte à la barre une scène similaire. Elle posait sur le canapé pour la séance photo et n’avait pas vu Salim Berrada se déshabiller avant qu’il se jette sur elle. “Il pose ma main sur son sexe, dit ‘regarde quel effet tu me fais’”, essaie de l’embrasser alors qu’elle tourne la tête. Lorsque le magistrat reprenant point par point le récit de la jeune femme, qu’il ponctue de “vrai ou faux ?”, l’accusé répète “faux” : il ne l’a pas plaquée, pas embrassée de force, ne lui a pas léché les seins, pas sauté dessus. “Elle peut réinterpréter, mal se souvenir”, avance-t-il.
La notion de consentement, au centre de ce procès, a refait surface dans les années 2010 avec l’onde de choc #Metoo. Elle n’est pas mentionnée explicitement dans le Code pénal français et des voix s’élèvent depuis plusieurs mois pour revoir cette définition. Le président Macron a promis, la semaine dernière, de l’inscrire dans le droit français.
- * Le prénom a été modifié.