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Photo : Geralt / Pixabay

“Violeur de Tinder” : le consen­te­ment au centre du procès

La notion de consen­te­ment que le pré­sident Emmanuel Macron veut ins­crire dans le droit fran­çais était, mar­di 19 mars, au centre du pro­cès du “vio­leur de Tinder” qui se tient actuel­le­ment à Paris.

Les accu­sa­trices ont com­men­cé à témoi­gner au pro­cès qui s’est ouvert lun­di de Salim Berrada, 38 ans, sur­nom­mé par la presse le “vio­leur de Tinder”. Accusé de viol par treize femmes et d’agression sexuelle par quatre autres, sou­vent ren­con­trées sur des sites de ren­contre sur Internet, il sou­tient que toutes ces rela­tions étaient consen­ties. Photographe, il leur pro­po­sait des séances pho­to à son stu­dio, chez lui.

Ce fut le cas d’Alice, par exemple. Elle a 20 ans quand Salim Berrada la contacte sur un site de man­ne­quins. Elle regarde son tra­vail, aime ses pho­tos, accepte le rendez-​vous pour une séance pho­to pour de la lin­ge­rie. La jeune femme pose en sous-​vêtements, sur le cana­pé. Elle entend le bruit de l’appareil pho­to qu’on pose. “Et en l’espace de quelques secondes, il était sur moi.”

Il lui tient fer­me­ment les poi­gnets au-​dessus de la tête, la viole, la déplace, conti­nue. “Il fai­sait de drôles de bruits, des gro­gne­ments, moi, je tour­nais la tête et je pleu­rais.” Alice hésite long­temps à por­ter plainte, même quand elle entend par­ler d’autres vic­times poten­tielles. “Je ne pen­sais pas être dans la même caté­go­rie, parce que je me suis lais­sé faire”.

“Certes, vous ne l’avez pas repous­sé, certes vous avez lais­sé faire”, lui dit le pré­sident Thierry Fusina, mais “est-​ce qu’il a pu se rendre compte que vous n’étiez pas consen­tante ?” Elle acquiesce. Son avo­cate, maître Sophie Rey-​Gascon, insiste. “Pleurer du début à la fin, ça ne veut pas dire ‘non’ ?”

Lucie* raconte à la barre une scène simi­laire. Elle posait sur le cana­pé pour la séance pho­to et n’avait pas vu Salim Berrada se désha­biller avant qu’il se jette sur elle. “Il pose ma main sur son sexe, dit ‘regarde quel effet tu me fais’”, essaie de l’embrasser alors qu’elle tourne la tête. Lorsque le magis­trat repre­nant point par point le récit de la jeune femme, qu’il ponc­tue de “vrai ou faux ?”, l’accusé répète “faux” : il ne l’a pas pla­quée, pas embras­sée de force, ne lui a pas léché les seins, pas sau­té des­sus. “Elle peut réin­ter­pré­ter, mal se sou­ve­nir”, avance-​t-​il.

La notion de consen­te­ment, au centre de ce pro­cès, a refait sur­face dans les années 2010 avec l’onde de choc #Metoo. Elle n’est pas men­tion­née expli­ci­te­ment dans le Code pénal fran­çais et des voix s’élèvent depuis plu­sieurs mois pour revoir cette défi­ni­tion. Le pré­sident Macron a pro­mis, la semaine der­nière, de l’inscrire dans le droit français.

  • * Le pré­nom a été modifié.
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