En France en 2021, les plaintes pour violences sexuelles, sur des faits souvent anciens, ont augmenté de 33%, selon les premières données du service statistique du ministère de l'Intérieure sur l'insécurité et la délinquance publiées ce jeudi.
Il s'agit d'une « première photographie », mais ces chiffres sont déjà inquiétants. En France, les plaintes pour violences sexuelles ont connu une augmentation de 33% en 2021 par rapport à 2020, selon les premières données du service statistique du ministère de l'Intérieur sur l'insécurité et la délinquance, publiées ce jeudi. En 2020, la hausse des plaintes concernant ces actes était de seulement 3% et en 2019 de 12%.
Par ailleurs, concernant les violences sexuelles, la part de faits anciens augmente, notamment pour les mineur·es victimes. La proportion de violences sexuelles commises plus de 5 ans avant leur enregistrement est, en effet, passée de 12 % en 2018, à 15 % en 2020, et 19 % en 2021.
Depuis le début du quinquennat, le nombre de personnes se déclarant victimes de violences sexuelles a augmenté de 82%, indique, dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Une tendance qui s'inscrit, selon lui, « dans le contexte de la libération de la parole et de la meilleure prise en considération de ce sujet par les forces de l'ordre, priorité du Gouvernement depuis le début du quinquennat ».
Darmanin estime que les victimes de violences conjugales déclarent plainte "systématiquement"
Mardi, sur France Inter, Gérald Darmanin attribuait déjà l'augmentation des violences faites aux personnes aux « libérations de la parole » : « Les femmes qui désormais sont atteintes psychologiquement ou physiquement par leur conjoint déposent plainte systématiquement. Il n'y a plus de mains courantes, affirmait-il. Systématiquement il y a des gardes à vue – c'est ce que nous demandons avec le garde des Sceaux – systématiquement il y a des poursuites judiciaires. »
Avant d'ajouter, un peu après : « Dans l'année 2021, parmi les plaintes, il y a une partie non négligeable de personnes qui ont connu des violences sexuelles il y a plusieurs années. […] Aujourd'hui, grâce notamment à Marlène Schiappa et au travail qu'elle a fait, de la libération de la parole, les gens viennent déposer plainte en 2021 ou 2022 pour des faits qui remontent à deux-trois ans. Donc évidemment, il y a aussi un effet [de rattrapage, ndlr] statistique. »
Des propos qui ont été largement critiqués sur les réseaux sociaux. Comme le rappelle la journaliste Salomé Saqué sur Twitter, « il est de toute façon impossible d'affirmer que TOUTES les femmes victimes de violences conjugales portent plainte ». Selon des calculs de L'Obs, à peine plus d’une femme sur deux porte plainte en moyenne chaque année pour des faits de violences au sein du couple. Depuis plusieurs années, l'accueil dans les commissariats est, par ailleurs, critiqué par de nombreuses plaignantes, comme le montre l'essor du hashtag #DoublePeine. Ou un rapport de Nous Toutes de 2021, montrant que parmi les 3496 témoignages recueillis, 66% faisaient état d'une mauvaise prise en charge par les forces de l'ordre au moment du dépôt de plainte.