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©Mika Baumeister

Viol conju­gal : en finir avec la notion de devoir conjugal

Dans une tri­bune publiée dans Libération ce 9 août, les membres du Collectif fran­çais contre le viol conju­gal demandent l’abolition défi­ni­tive de la notion de « devoir conju­gal » dans les inter­pré­ta­tions des textes de loi.

En France, le viol conju­gal est un crime encore trop sou­vent bana­li­sé, peu média­ti­sé et encore moins conscien­ti­sé par notre socié­té. C’est l’amer constat dres­sé par les membres du Collectif fran­çais contre le viol conju­gal qui signent une tri­bune dans Libération ce mer­cre­di. Ce texte déplore que mal­gré la loi fran­çaise qui défi­nit pour­tant le viol comme une cir­cons­tance aggra­vante, « l’application des textes de lois sur ce sujet et la prise en charge des vic­times n’est tou­jours pas au rendez-​vous ». C’est pour­quoi, les signa­taires demandent une prise en charge adap­tée « du fait de la spé­ci­fi­ci­té du viol sur conjoint, qui se mani­feste sur dif­fé­rents plans : affec­tif, finan­cier, fami­lial, psy­cho­lo­gique et médical ».

Le Collectif fran­çais contre le viol conju­gal, lan­cé mar­di 8 août pour sen­si­bi­li­ser et aler­ter sur ce fléau, demande une jour­née de for­ma­tion obli­ga­toire dédiée au viol conju­gal pour tous·tes les fonc­tion­naires en contact avec des vic­times. « Nous récla­mons éga­le­ment que la notion de viol conju­gal soit abor­dée dans le cur­sus d’études supé­rieures des élèves de droit, psy­cho­lo­gie et méde­cine », ajoutent-​iels. « Beaucoup de vic­times témoignent avoir été for­cées par leur par­te­naire, mais ne posent pas le mot “viol” sur leur vécu, pen­sant que leur conjoint est dans son bon droit, pour­suivent les signa­taires. Bon nombre d’agresseurs admettent d’ailleurs for­cer leur par­te­naire, tout en se sen­tant légi­times pour le faire sous cou­vert de devoir conjugal. »

Abolition de la notion de « devoir conjugal »

Parmi les signa­taires on note la jour­na­liste et écri­vaine Giulia Foïs, Arnaud Gallais, cofon­da­teur du col­lec­tif Prévenir et Protéger, et Be Brave France, ou encore Muriel Salmona, pré­si­dente de l’association Mémoire trau­ma­tique et victimologie.Iels demandent sur­tout l’abolition défi­ni­tive de la notion de « devoir conju­gal » dans les inter­pré­ta­tions de textes de loi et que cette notion ne puisse plus être uti­li­sée comme argu­ment de faute grave lors d'un divorce.

En 1992, le viol conju­gal fait son entrée dans la loi avec une sub­ti­li­té : la pré­somp­tion de consen­te­ment n’existe que jusqu’à preuve du contraire. Puis, la loi du 4 avril 2006 estime que le fait d’être en couple, marié ou non, est une cir­cons­tance aggra­vante, pas­sible de vingt ans de pri­son. Avec la loi du 9 juillet 2010, la pré­somp­tion de consen­te­ment dis­pa­raît des textes de loi mais « dans les faits, la majo­ri­té des viols conju­gaux ne sont pas pris sérieu­se­ment en compte par la jus­tice et sont requa­li­fiés en tant que délit ou clas­sés sans suite », rap­porte la tribune.

Du côté de la loi, rien sur le devoir conju­gal. La loi sur le mariage pré­voit que les époux « s’obligent mutuel­le­ment à une com­mu­nau­té de vie ». Aucune réfé­rence expli­cite à l’obligation d’avoir « une com­mu­nau­té de lit », et, donc, des rela­tions sexuelles. Dans les faits, certain·es juges condamnent pour­tant encore des hommes et des femmes qui ne res­pec­te­raient pas leur « devoir conju­gal », c’est-à-dire qui n’auraient pas de rela­tions sexuelles régu­lières avec leur conjoint·e. « Il s’agit d’un enjeu de san­té publique contre lequel il convient d’agir urgem­ment. Le consen­te­ment n’est pas et ne doit jamais être une option, quel que soit le contexte rela­tion­nel », rap­pellent les signa­taires de la tribune.

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