group of women wearing white and black shirts
© Mélodie Descoubes

En 2021, les fémi­ni­cides ont connu une hausse de 20 % par rap­port à 2020

En 2021, 122 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint contre 102 en 2020 selon les chiffres publiés vendredi par le ministère de l'Intérieur. Près de 64 % d'entre elles qui avaient déjà subi des violences, les avaient signalées aux forces de l’ordre. L'occasion de constater les lacunes dans le traitement des plaintes et des suivis judiciaires.

C'est un chiffre qu'on aimerait croire invraisemblable en 2022, que révèle le bilan des « morts violentes au sein du couple » publié vendredi 16 août par le ministère de l’Intérieur. En France, 122 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint en 2021 ou ex-conjoint, contre 102 en 2020. Le nombre de féminicides a donc augmenté de 20 % en un an, confirmant ainsi « une forme de violence qui est endémique, qui est ancrée, presque culturelle en France en 2022. » selon Anne Bouillon, avocate spécialisée dans la défense des femmes victimes de violences au barreau de Nantes interviewée pour France Info. Des chiffres encore plus élevés que ceux rassemblés grâce à la presse par le collectif Féminicides par compagnon ou ex, qui avait comptabilisé, lui, 114 victimes.

En parallèle, 21 hommes ont été victimes de meurtres conjugaux en 2021, soit un chiffre en légère baisse par rapport à 2020 (-2%). Si l'étude souligne que « le profil type de l’auteur n’a pas changé. Il est majoritairement masculin, le plus souvent, en couple, de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle », les données recensent une fois de plus, les carences judiciaires françaises dans la prévention de ces violences.

 Vingt femmes avaient porté plainte

Ainsi, parmi les 32 % de victimes qui avaient déjà subi des violences antérieures (soit une femme tuée sur trois, 38 victimes), 64 % d'entre elles avaient signalé ces violences aux forces de l’ordre (soit 24 femmes). Sur ces 24 femmes, 84 % (soit vingt femmes) avaient même déposé une plainte, mais « seules trois des victimes bénéficiaient de dispositifs de protection connus des forces de l’ordre » note l’étude (un contrôle judiciaire et deux ordonnances de protection). Ce pan de l'analyse ministériel illustre une France qui accuse encore « un retard considérable sur nos voisins espagnols » qui sont parvenus à réduire drastiquement le nombre de meurtres conjugaux – avec la mise en place d'une loi pionnière de 2004, qui prévoit une protection intégrale contre les violences conjugales – « en débloquant des moyens considérables » rappelle Anne Bouillon.

Pour l'avocate, en matière du traitement des plaintes et suivis judiciaires, il faudrait « que les armes soient systématiquement saisies » et étendre la protection aux enfants. En ce qui les concerne, « en 2021, aucun mineur n’a été tué concomitamment à l’homicide de l’un de ses parents » note le ministère, même si dans 14 de ces meurtres conjugaux, la présence des enfants a été attestée sur les lieux mêmes du crime. Par ailleurs, le rapport fait état de l'infanticide de douze enfants sur fond de conflit conjugal : « Dans 10 affaires distinctes, 12 enfants ont été tués dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime. Le père et la mère sont auteurs dans les mêmes proportions. 3 pères et 1 mère se sont suicidés à l’issue et 1 mère a tenté de le faire. »

Jusqu'ici, et comme l'atteste un travail du parquet général de la cour d’appel d’Aix datant de 2019 détaillé par Le Monde, il existe une nette relation entre féminicides et violences conjugales antérieures ainsi que des insuffisances dans le traitement des plaintes et dans l'évaluation de la situation de la victime au sein des forces de l'ordre Françaises.

Si en mars dernier le président de la République, alors en campagne pour sa réélection, a à nouveau fait de l'égalité femmes-hommes la « grande cause du quinquennat », les mesures mises en place par le gouvernement depuis cinq ans sont loin d'être suffisantes aux yeux des associations d'aide aux femmes victimes de violences. Pour l'heure, en 2022, le collectif #NousToutes a déjà décompté 85 féminicides, en date du 21 août. Le collectif Féminicides par compagnon ou ex, spécialisé dans le décomptage de crimes conjugaux, en répertorie, lui, 75.

Lire aussi I Féminicides : au cœur de Paris, 653 noms de femmes assassinées durant le premier quinquennat Macron








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