Ce dimanche, une cinquantaine d'élu·es ont signé un manifeste dans Le Journal du dimanche pour demander « un plan d’urgence de financements dédié à l’égalité femmes-hommes sur les territoires ».
Alors que jeudi dernier, l'Assemblée nationale se penchait, à l'occasion d'une table ronde, sur la question du budget genré des villes, ce dimanche 5 mars, une cinquantaine d'élu·es de gauche ont signé, en amont de la Journée internationale des droits des femmes, une tribune dans Le Journal du dimanche réclamant « un plan d’urgence de financements dédié à l’égalité femmes-hommes sur les territoires ». Un appel lancé par Oxfam France qui note que les initiatives innovantes prises par des collectivités locales ces dernières années, que l'ONG répertorie dans son rapport « Territoires Féministes » publié lundi 6 mars, sont limitées dans leur expansion en raison du manque de moyen financier accordé aux collectivités.
Ils sont précisément 48 élu·es de gauche, dont les représentant·es des villes de Lille, Nantes, Marseille, Rennes, Strasbourg, Lyon (ville et département), Rouen, Tours, Grenoble, Besançon, l’Assemblée de Corse, Villeurbanne, Dieppe, Saint-Denis (ville et département), Les Lilas, Pantin, Grigny, Nanterre à avoir signé l'appel d'Oxfam. À travers cette tribune, les collectivités souhaitent réaffirmer leur « volonté de faire de l’égalité femmes-hommes une priorité de [leur] action ». Toutes veulent faire entendre au gouvernement la nécessité de mettre en œuvre des politiques clés pour les droits des femmes : « Nos territoires sont et resteront des territoires féministes ! Il est temps de nous donner les moyens d’agir », signent-ils dans le manifeste.
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Le nouveau rapport d'Oxfam s'inscrit, lui, en complément de celui publié l'année dernière, « Grande cause, petit bilan », et fait un état des lieux des différentes initiatives féministes qui ont été lancées sur les territoires français : ouvrir des centres d’accueil et de prise en charge de femmes victimes de violences pour pouvoir mieux répondre à la demande croissante des habitantes ; repenser les cours d’école et les équipements urbains pour que l’espace public ne soit plus accaparé par les hommes et les garçons, ou encore, décortiquer leur budget pour mieux mesurer l’impact de leur action sur la réduction des inégalités femmes-hommes.
« Concrétiser la grande cause du quinquennat »
En joignant à son rapport ce manifeste, Oxfam France souhaite alerter sur le fait que dans un double contexte d'inflation et de tension sur les finances publiques des collectivités, les initiatives féministes citées précédemment ne peuvent pas être mises en œuvre correctement. Pourtant, « ces initiatives locales sont essentielles », précise Sandra Lhote Fernandes, responsable du plaidoyer Droits des femmes d’Oxfam France.
« En tant que maires, président·es de métropoles, conseils départementaux ou régionaux […], nous voulons faire de nos territoires des laboratoires de politiques publiques féministes et accélérer les efforts », précisent-iels dans la tribune. Les 48 signataires rappellent que « dans de nombreux domaines, beaucoup reste encore à faire pour faire avancer les droits des femmes sur les territoires », et que les collectivités doivent « mieux analyser l’impact de notre action sur la réduction des inégalités femmes-hommes ». C'est pourquoi les élu·es demandent à avoir « plus de moyen pour mettre en œuvre les changements et mesures qui seront identifiés comme vertueux ».
Dans la tribune, les signataires listent déjà une série de mesures et de changements sur lesquels ils souhaitent travailler : augmenter les places d’hébergement et améliorer la prise en charge des femmes victimes de violences, créer un véritable service public de la petite enfance pour que la maternité ne soit plus source d’inégalités professionnelles, investir dans la sensibilisation dès le plus jeune âge à une culture de l’égalité, promouvoir la participation des femmes à la vie publique, garantir à toutes les femmes l’accès à la santé sexuelle et reproductive, notamment l’interruption volontaire de grossesse.
Selon le rapport annuel du Forum économique mondial, si les politiques publiques continuent d'avancer au rythme actuel, il faudra encore 132 ans avant d’atteindre l’égalité femmes-hommes à l’échelle de la planète. Avec cette tribune, les élu·es et Oxfam France espèrent « réussir à alimenter le débat national et donner des idées à l’Etat pour concrétiser la grande cause du quinquennat », déclare Sandra Lhote Fernandes.
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