Des associations et collectifs féministes dénoncent la tribune de soutien à Gérard Depardieu publiée lundi dans Le Figaro.
Nathalie Baye, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Bertrand Blier, Jacques Weber, Pierre Richard, Gérard Darmon, Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou encore Jacques Dutronc. Voici quelques-un·es des cinquante signataires de la tribune publiée mardi dans les colonnes du Figaro. Acteur·rices, réalisateur·rices, chanteur·euses, tous et toutes sont des personnalités publiques françaises. Tous et toutes apportent leur soutien à l’acteur Gérard Depardieu, visé par trois plaintes pour viol et agressions sexuelles. “Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma”, écrivent-ils·elles par exemple. “Je trouve que c’est très courageux de la part des signataires”, a réagi Gérard Depardieu, contacté par RTL, ajoutant ne pas être à l’origine de ce texte et avoir simplement autorisé son auteur, le comédien et proche de la fille de l’acteur Julie Depardieu, Yannis Ezziadi, à le publier.
Un soutien collectif et public qui ne passe pas auprès des associations et collectifs féministes. “C’est une tribune très pédagogique. Ce que l’on voit, c’est comment un entourage va s’organiser et utiliser des arguments tels que “c’est un monstre sacré, c’est un génie” pour protéger quelqu’un”, détaille la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert. Emmanuelle Dancourt, cofondatrice de #MeTooMedia, s’est dite “atterrée”. “J’ai l’impression qu’il y a une incompréhension quand j’entends parler de torrent de haine qui se déverse sur Depardieu… Il n’y a jamais de vengeance [de la part des plaignantes, ndlr] mais un besoin de protéger les autres”, a‑t-elle souligné sur le plateau de BFM-TV.
“Crachat au visage”
“C’est un crachat au visage des victimes de violences”, a réagi le collectif féministe #NousToutes. “On ne comprend pas que le monde de la culture se mobilise, il faudrait utiliser cette voix pour soutenir les victimes”, selon Tatiana, militante du collectif. “Pourquoi [Depardieu] serait-il protégé juste parce que c’est une personnalité importante ? Et derrière ça, on a des jeunes femmes qui ont subi des agressions, des viols qui vont les marquer à vie. Pourquoi elles n’auraient pas le droit justement d’avoir une justice ?” questionne pour sa part Anaelle Dupont, étudiante, interrogée à Paris par l’AFP. “Tant qu’il n’est pas jugé, on ne peut pas non plus l’attaquer et le descendre. Mais, par contre, il ne faut pas que ça dure trop d’années avant qu’il soit jugé”, ajoute Mélanie Barroso, autoentrepreneuse.
Pierre Richard démis de ses fonctions associatives
De son côté, l'association de protection de l'enfance Les Papillons, qui recueille la parole d'enfants victimes de violences, a mis fin au rôle d'ambassadeur de Pierre Richard, signataire de ladite tribune. Son président, Laurent Boyet, a par ailleurs signé une tribune publiée hier dans Libération dans laquelle il explique ce choix. "Pierre Richard était depuis près de trois ans l’un des ambassadeurs de l’association. Cela veut dire quelque chose. Ce sont des valeurs qu’on accepte, un flambeau qu’on porte quand on en a besoin. Alors, quand j’ai vu son nom dans la liste des signataires de cette tribune, il était évident, justement au nom de tous nos combats, qu’il ne pourrait pas rester à nos côtés", a‑t-il déclaré dans Libé.
“Chasse aux sorcières”
Cette tribune est la dernière mobilisation en date du clan Depardieu, après celle des membres de sa famille dans le JDD et des prises de parole de sa fille Julie Depardieu ou de son ex-compagne Carole Bouquet à la télévision. Le président de la République Emmanuel Macron a également apporté son soutien au comédien, dénonçant une “chasse aux sorcières”. Sur les images de Complément d’enquête, Gérard Depardieu – mis en examen à la suite d’une des deux plaintes dont il fait l’objet en France et qui réfute ces accusations – multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, n’épargnant pas une fillette. Depuis, sa statue de cire a été retirée du musée Grévin, à Paris. Il a été radié de l’Ordre national du Québec et de son titre de citoyen d’honneur de la commune d’Estaimpuis (Belgique).