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Photo : Molly Blackbird / Unsplash

Travail : les femmes en mal de recon­nais­sance, selon une étude de PowHER ta carrière

Près de la moi­tié des femmes son­dées s’estiment mal payées et les deux tiers se sentent frus­trées dans leur vie pro­fes­sion­nelle, pointe une étude réa­li­sée par PowHER ta car­rière. Une situa­tion sou­vent per­çue comme un échec per­son­nel, alors qu’elle relève de pro­blé­ma­tiques de genre structurelles.

Frustration, ennui et manque de recon­nais­sance : voi­là ce que res­sentent nombre de femmes dans leur vie pro­fes­sion­nelle, sou­ligne une étude publiée en mars par Sarah Zitouni, fon­da­trice de PowHER ta car­rière et direc­trice stra­té­gique dans l’automobile. À l’été 2023, cette der­nière a entre­pris de son­der les femmes sur leur satis­fac­tion pro­fes­sion­nelle. Or, à en croire l’échantillon de près de 2 300 femmes qu’elle a col­lec­té, l’épanouissement est loin d’être la règle.

Majoritairement sala­riées (84,3 %), issues de milieux divers et de dif­fé­rentes classes d’âge (57 % sont âgées de 26 à 35 ans, 36 % ont plus de 35 ans), les répon­dantes témoignent d’un fort degré d’insatisfaction : 7,5 sur 10 en moyenne. De fait, elles ne sont que 7,4 % à juger que “tout va bien” côté tra­vail. À l’inverse, 16 % disent que “ça ne va pas du tout”. Quand le gros des troupes estime que ça va… tout en aspi­rant à mieux.

Deux tiers des son­dées frus­trées dans leur travail

Ainsi, plus d’un tiers (34,7 %) des femmes inter­ro­gées souffrent d’un manque de recon­nais­sance dans leur tra­vail, qui se tra­duit par une évo­lu­tion insuf­fi­sante par rap­port à leur ambi­tion (28,4 %) ou, pour beau­coup (44,8 %), par un salaire trop bas. À quoi s’ajoutent, bien sou­vent, un stress chro­nique et/​ou intense (33,2 %), un dés­équi­libre avec leur vie per­son­nelle (30,7 %), mais aus­si une charge de tra­vail abu­sive pou­vant mener au burn-​out (27,2 %). Des situa­tions face aux­quelles elles disent avoir du mal à s’imposer, plus de quatre sur dix évo­quant un manque de confiance en soi et 45 % “la peur de s’affirmer”. À l’arrivée, ce sont donc 66 % des répon­dantes qui se sentent “frus­trées”. 

“Dans les grandes lignes, [ces témoi­gnages] sou­lignent prin­ci­pa­le­ment l’ennui, le burn-​out, la recon­ver­sion et le besoin de recon­nais­sance. Le volet finan­cier est, de toute évi­dence, une pré­oc­cu­pa­tion cru­ciale, avec des femmes sous-​payées, vic­times de vio­lences éco­no­miques et frei­nées dans leur demande d’augmentation par le sexisme éco­no­mique”, résume Sarah Zitouni. 

Des obs­tacles per­çus comme un échec personnel

Pourtant, elles ne sont que 36% à pen­ser que les pro­blèmes dans leur car­rière sont liés à leur genre. “Nombre d’entre elles ont du mal à admettre qu'elles ont été for­cées de mettre un terme à leurs ambi­tions à cause du sexisme, de la charge men­tale ou de la mater­ni­té. Pour elles, recon­naître l’impact de ces obs­tacles est embar­ras­sant, comme s’il s’agissait d’un échec per­son­nel. Et je les com­prends”, pour­suit Sarah Zitouni.

Toujours est-​il que, à la suite d’un par­cours pro­fes­sion­nel semé d’embûches, plus d’un tiers d’entre elles a tout sim­ple­ment renon­cé à son ascen­sion pro­fes­sion­nelle. Quand un autre tiers se retrouve “dans une situa­tion un peu floue, sans trop savoir si c’est de l’autosabotage, des regrets ou si ces ques­tions n’avaient tout sim­ple­ment jamais été sou­le­vées avant de par­ti­ci­per à cette enquête”, constate Sarah Zitouni.

Dans son étude, cette der­nière pointe aus­si le manque d’accompagnement des femmes. En rai­son des dif­fi­cul­tés qu’elles ont pu ren­con­trer, 12,8 % se sont tour­nées vers un·e coach, alors que 21 % ont enta­mé une thé­ra­pie dans l’espoir de résoudre des pro­blé­ma­tiques pro­fes­sion­nelles. Ce qui a pu les aider sur le moment, sans pour autant régler les pro­blèmes de fond qui, sou­ligne Sarah Zitouni, sont pour beau­coup sys­té­miques. C’est pour­quoi, conclut-​elle, “des solu­tions struc­tu­relles, des chan­ge­ments orga­ni­sa­tion­nels et une remise en ques­tion des normes cultu­relles et pro­fes­sion­nelles s’avèrent néces­saires pour adres­ser ces défis pro­fon­dé­ment ancrés dans le monde du travail”. 

Lire aus­si I Salaires, car­rières : où en est l’emploi des femmes ?

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