À Toulouse (Haute-Garonne), 33 femmes victimes de violences conjugales, certaines accompagnées d'enfants, ont été informées de la fin de leur hébergement à l'hôtel, pris en charge par l'État. Plusieurs associations se sont réunies jeudi après-midi dans la ville rose pour dénoncer cette décision « prononcée sans considération » et sans « aucune solution alternative ».
Une « priorité de l'État » mais pas sur « des durées excédant un an ». C'est, en substance, ce qu'a expliqué la préfecture de Haute-Garonne dans un communiqué, face à la centaine de manifestant·es s'étant réunis, jeudi après-midi, à Toulouse, pour protester contre « la mise à la rue » de 33 femmes victimes de violences conjugales, jusque-là hébergées à l'hôtel.
« Depuis 3 semaines, 33 femmes victimes de violences conjugales – certaines accompagnées d’enfants – ont été informées par les services de l’État de la fin de leur hébergement à l’hôtel, sans qu’aucune solution alternative ne leur soit proposée », dénoncent la Fédération des Acteurs de la Solidarités (FAS) et la Fédération National Solidarité Femmes (FNSF) dans un communiqué commun. Avant de poursuivre : « Il s’agit d’une décision prononcée sans considération des situations de vulnérabilité, de danger ou de risque qu’encourent ces femmes si elles se retrouvent à la rue ou sont contraintes de revenir au domicile conjugal. »
Elles pointent du doigt le manque historique de places d'hébergement en Haute-Garonne et le fait que l'État n'a rien fait pour en créer « en nombre suffisant ». « La continuité de la mise à l’abri des femmes victimes de violences conjugales n’est plus assurée », résument-elles, assurant que la préfecture avait pourtant pris cet engagement en 2018.
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« Il n’y a pas de relais pour ces femmes déjà précaires et isolées », dénonce une militante de la FNSF auprès de La Dépêche, lors du rassemblement devant le métro Jean Jaurès à Toulouse. « C'est à elle [la préfecture, NDLR] de trouver un logement social pour ces femmes. Mais la question du logement est brûlante. Un an d'hébergement d'urgence c'est trop court pour reconstruire sa vie », abonde une éducatrice spécialisée.
Jusqu'à présent, les femmes demandant leur mise à l'abri dans un contexte de violences conjugales contactent le 115, qui, le plus souvent, les oriente vers les nuitées hôtelières. Les 14 premiers jours de nuitées sont financés par la Mairie de Toulouse, explique France 3 Occitanie. Au-delà, c’est l’État qui prend alors le relais. Sauf que dans un communiqué, la préfecture de Haute-Garonne assure que « le maintien en hébergement sur des durées excédant un an heurte frontalement la raison même de cet accueil initial, fondé sur une mise à l'abri immédiate, urgente, et la capacité à faire entrer de nouvelles situations ». « C'est la raison pour laquelle il a été mis fin à des prises en charge de longue durée », conclut-elle.
Le problème, c'est que ces décisions « s’incluent à un processus plus large de réduction drastique des nuitées hôtelières pour les personnes vulnérables », soutiennent la Fédération des Acteurs de la Solidarités (FAS) et la Fédération National Solidarité Femmes (FNSF). Françoise Brié, la directrice générale de la FNSF, précise à l'Agence France-Presse (AFP) avoir reçu deux autres « alertes » de fin de mise à l’abri dans l’Essonne et en Vendée. L'année dernière, dans son projet de loi de finances (PLF), le gouvernement avait annoncé la suppressions de 14.000 places d'hébergement d'urgence, avant de renoncer face au tollé.
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