En 1892, des femmes placées dans des asiles vont aller vivre au sein de familles rurales du Cher. Ce projet, encadré par un médecin spécialisé, le docteur Auguste Marie, est la première expérience française de psychiatrie en milieu ouvert.

Le jeudi 15 décembre 1892, vingt-quatre femmes descendent du « tacot », un petit train aux banquettes de bois, et découvrent le village de Dun-sur-Auron (Cher). Clémence, Léontine, Joséphine, Eugénie, Rose, Sophie… Le matin, elles ont quitté l’asile Sainte-Anne, à Paris, pour participer à la première « colonie familiale pour aliénés » française. Il en existe déjà ailleurs en Europe, notamment en Belgique et en Écosse. Après une période d’observation, ces femmes vont vivre dans des familles qui ont accepté de les accueillir chez elles contre une rétribution. Pourquoi a‑t-il été décidé de les faire sortir de l’asile ?
Asiles surpeuplés
Comme l’explique Juliette Rigondet, autrice d’une remarquable enquête sur cette première « colonie pour aliénés » en France 1 , depuis la loi de 1838 sur les aliéné·es, chaque département doit se doter d’« un établissement public spécialement destiné à recevoir et à soigner les[…]
- Un village pour aliénés tranquilles,
de Juliette Rigondet. Éd. Fayard, 2019.[↩]