Selon une étude publiée ce 28 mars, les violences sexistes et sexuelles restent ancrées dans le monde du travail. Une loi entrera d'ailleurs en vigueur le 31 mars pour durcir la répression du sexisme au travail.
Renforcer et durcir la répression du sexisme au travail. C’est ce que prévoit la loi qui entrera en vigueur ce jeudi 31 mars et qui vise à aligner la définition du harcèlement sexuel telle qu’elle est appliquée dans le monde du travail, à celle appliquée en dehors de tout contexte professionnel. Elle élargit ainsi la notion. Désormais, les propos et comportements à connotation sexiste répétés seront susceptibles d’être qualifiés de « harcèlement sexuel » dans le code du travail, et donc, d’être poursuivis pénalement.
Et il y a urgence à en croire les conclusions de l’étude OpinionWay publiée ce 28 mars. Le sondage a été réalisé sur 1 009 salarié·es du public et du privé, interrogé·es entre le 21 février et le 2 mars 2022 pour le cabinet de conseil en ressources humaines, Ekilibre. Il révèle que 60 % des salarié·es ont déjà été exposé·es au moins une fois à un agissement à caractère sexiste ou sexuel dans le cadre de leur travail au cours des douze derniers mois. Les femmes sont, sans surprise, trois plus exposées que les hommes à ce type de comportement.
Un phénomène en augmentation
Un phénomène qui n’a d’ailleurs pas tendance à diminuer. Au contraire, selon France Info, pour 14 % d’entre elles·eux, le phénomène est en augmentation. Pour près des deux tiers des victimes, ces propos sexistes ou ces comportements à connotation sexuelle proviennent directement des collègues. Et les conséquences sont visibles : 33 % des sondé·es affirment que ces agissements ont eu un impact sur leur bien-être au travail, 26 % sur leur santé physique.
Parmi les types d’agissements, on retrouve surtout « les blagues déplacées ». 47 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude déclarent entendre des blagues à connotation sexuelle. Des comportements problématiques qui peuvent aller plus loin : 14 % des salarié·es, dont une grande majorité de femmes, ont fait l’objet de regards insistants sur une partie de leur corps, de sifflements, de gestes ou de bruits grossiers à connotation sexuelle. Pire, 10 % des personnes interrogées ont fait l’objet d’une demande d’un acte de nature sexuelle et 6 % d’entre elles ont fait l’objet de contact sur la bouche, la poitrine, le sexe, les fesses ou les cuisses sans consentement. Ce qui représente une agression sexuelle.
Des actions jugées insuffisantes
40 % des victimes de violences sexistes ou sexuelles dans le travail reconnaissent ne pas avoir su comment réagir face à cela. Malgré l’obligation pour les entreprises de sensibiliser et lutter contre ces violences, les actions mises en place semblent insuffisantes. 45 % des sondé·es jugent que l’entreprise dans laquelle ils·elles travaillent ne s’implique pas assez. Et lorsqu’on leur demande ce qu’il faudrait faire pour lutter contre ce phénomène, beaucoup estiment que l’entreprise doit adopter une politique claire sur le sujet, avec des référent·es formé·es à ces questions, ainsi que d’établir des procédures qui puissent accueillir ces alertes.
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Le code du travail spécifie pourtant depuis 2019 que l’employeur doit prendre « toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlements sexuels, d’y mettre un terme et de les sanctionner ». Pour les entreprises de plus de 250 salarié·es, un·e référent·e chargé·e « d’orienter, d’informer et d’accompagner les salariés » sur ces questions doit être désigné·e.
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