Des étudiant·es bloquent lundi matin Sciences Po Paris, ainsi que des campus en France pour protester contre le retour de son directeur, Mathias Vicherat, et demander sa démission. Celui-ci a été entendu en décembre par la police dans une enquête pour violences conjugales.
Ce 29 janvier, Mathias Vicherat était de retour à Sciences Po Paris conjointement avec les étudiant·es, qui effectuaient leur rentrée après une période d’examens et de vacances. "Deux sites de Sciences Po Paris sont bloqués par une cinquantaine d'élèves, sur un total de 9.000 élèves", a indiqué la direction de l'établissement, selon qui les campus de "Reims, Nancy, Poitiers, Le Havre sont également bloqués". La direction affirme que "les cours sont tout de même assurés en distanciel".
Devant l’entrée du principal bâtiment de Sciences Po Paris, au 27 rue Saint-Guillaume dans le 7e arrondissement, poubelles, barrières, vélos et palettes ont été entassés par une trentaine d’étudiant·es présent·es. Sur les murs du bâtiment, des affiches sur lesquelles on pouvait lire “Vicherat démission” ont été collées. Sur une banderole était inscrit : “Professeurs protégés, victimes délaissées”, ou encore “Sciences Po, paradis de l’impunité”.
“On est ici pour protester contre la fin de la période de retrait du directeur qui n’aura duré que le temps des vacances”, a regretté Inès Fontenelle, de l’Union étudiante. “On espère que Mathias Vicherat prendra ses responsabilités et démissionnera afin de restaurer un climat de confiance avec les étudiants qui est rompu”, a ajouté l’étudiante.
"Une insulte aux victimes de violences sexistes et sexuelles"
Un peu plus loin, une étudiante en master de recherche en sociologie, qui n’a pas souhaité donner son identité, estime que “ce retour est une insulte aux victimes de violences sexistes et sexuelles, au personnel de Sciences Po et à sa communauté étudiante”.
Peu après son arrivée à la tête de Science Po fin 2021, son directeur avait décrété comme “priorité absolue” la lutte contre ces violences. Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s’accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placé·es en garde à vue le 3 décembre avant d’être remis·es en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris. Le directeur avait proposé de se mettre en retrait le 11 décembre.
La commission, qui rassemble les bureaux des différents conseils de Sciences Po (conseil d’administration, de l’Institut, de la vie étudiante et de la formation scientifique), avait validé le 25 janvier le retour de Mathias Vicherat à condition que le directeur se déporte de tous les sujets liés aux violences sexuelles et sexistes. Un conseil de l’Institut exceptionnel est prévu mardi midi, ainsi qu’un conseil d’administration exceptionnel mercredi après-midi, selon des sources concordantes.
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