« En protection de l’enfance, il y a ceux qui veulent avancer et les autres », twittait, mi-octobre, Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé du dossier, après avoir présenté sa Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance. « Les autres », ce sont celles et ceux qui ont exprimé leur immense déception à la suite de ses annonces. Et ils sont pléthore. Censé remédier aux nombreux dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) – qui suit environ 340 000 mineur·es –, ce plan d’action « manque d’envergure », dénonce l’Unicef France, qui commente rarement les décisions politiques. Pour améliorer la protection de l’enfance, l’État prévoit ainsi de généraliser les visites médicales en maternelle, d’ouvrir une vingtaine de « relais parentaux » ou de créer six cents places d’accueil. Mais il ne déboursera que 80 millions d’euros – là où les départements mettent sur la table près de 8 milliards par an. Et surtout, il ne mènera aucune réforme de fond. « On demandait la création d’un fichier national des agréments de famille d’accueil et celle d’une instance nationale de contrôle des établissements de protection de l’enfance et des familles d’accueil. Il n’y a rien de tout ça. Rien non plus pour les sortants de l’ASE, pour le suivi médical des enfants placés traumatisés, ni sur le volet scolaire… », s’étrangle Lyes Louffok, membre du Conseil national pour la protection de l’enfance. Ancien enfant placé, il a participé aux groupes de travail lancés par Adrien Taquet. Et il ne décolère pas. D’autant que la quasi–totalité des mesures proposées repose en fait sur la « contractualisation » entre l’État et les départements : autrement dit, seules les collectivités volontaires seront tenues de les mettre en œuvre. « Un scandale », résume Lyes Louffok.
![Protection de l’enfance : le scandale en marche 1 rubber stamp mockup 2 a](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/01/rubber-stamp-mockup-2_a.jpg)