photo libre de droit gerald darmanin ministre de l interieur datant de 2021
Gérald Darmanin ©Wikimedia Commons/Pierrot75005

Nice : la jus­tice sai­sie après la cen­sure de col­lages fémi­nistes lors de la venue de Gérald Darmanin

Les libraires des Parleuses à Nice et la jour­na­liste Hélène Devynck ont conjoin­te­ment sai­si la jus­tice mar­di pour faire annu­ler la déci­sion qui a auto­ri­sé l'opération de police admi­nis­tra­tive ayant mené à la cen­sure de col­lages fémi­nistes lors de la visite de Gérald Darmanin. 

Contre-​attaque judi­ciaire. Après que des col­lages fémi­nistes sur l'affaire Sophie Patterson-​Spatz, appo­sés sur les murs et la devan­ture de la librai­rie Les Parleuses à Nice, ont été dis­si­mu­lés par des policier·ères à l'aide d'un large drap noir ven­dre­di, lors de la venue de Gérald Darmanin, la résis­tance s'organise. Les libraires des Parleuses et la jour­na­liste accu­sant de viol PPDA Hélène Devynck ont conjoin­te­ment sai­si la jus­tice, afin de faire recon­naître l’« illé­ga­li­té » de la cen­sure de la vitrine, rap­portent Médiapart et Libération.

À lire aus­si I Censure d'une librai­rie fémi­niste lors de la venue de Gérald Darmanin à Nice

Ce der­nier a pu consul­ter le « recours en annu­la­tion » de quinze pages, dépo­sé au tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Nice. Il vise le maire de Nice Christian Estrosi et le minis­tère de l’Intérieur, à même selon le recours, d’ordonner une telle mesure. Il concerne les déci­sions admi­nis­tra­tives ayant mené à l’entrave de l’accès à la librai­rie, et à la pose d’un drap noir sur ses vitrines « en vue de cacher les col­lages mili­tants pla­cés à l’intérieur ain­si que les exem­plaires du livre Impunité dont il était fait la pro­mo­tion ». Livre signé par Hélène Devynck, et retra­çant l'omerta sur l'affaire PPDA.

Lorraine Questiaux, l'avocate des libraires, estime éga­le­ment dans ce docu­ment, selon Mediapart, que cela a por­té atteinte, d’une part, « à l’exercice de la liber­té d’expression [de la librai­rie] en cen­su­rant les mes­sages figu­rant en vitrine », et, d’autre part, « à l’exercice de sa liber­té de com­merce, puisque l’opération de police s’est sol­dée par une fer­me­ture for­cée de l’établissement durant plu­sieurs heures ».

« Pas digne d’une démocratie »

Selon l’avocate, à tra­vers cette opé­ra­tion, « les forces de l’ordre ont été détour­nées de leur mis­sion d’intérêt géné­ral à des fins pri­vées », dans le but d’« étouf­fer l'affaire judi­ciaire per­son­nelle » de Gérald Darmanin, a‑t-​elle affir­mé à Mediapart. En juillet der­nier, le loca­taire de Beauvau a béné­fi­cié d'un non-​lieu après une plainte pour viol dépo­sée par Sophie Patterson-​Spatz en 2017 pour des faits remon­tant à 2009. La cour d'appel de Paris exa­mi­nait mar­di l'appel de cette der­nière, mais la déci­sion a été mise en déli­bé­rée à la date du 24 jan­vier, a appris Causette auprès de son avo­cate, Elodie Tuaillon-Hibon.

À lire aus­si I Affaire Gérald Darmanin : l'appel de Sophie Patterson-​Spatz contre le non-​lieu exa­mi­né mardi

Sur la vitrine et les murs atte­nants, on pou­vait notam­ment lire : « Qui sème l’impunité récolte la colère »« Victimes, on vous croit. Violeurs, on vous voit » ou « Sophie, on te croit ». Outre l’annulation de la déci­sion, des excuses publiques aux requé­rantes de la part du maire de Nice et du ministre de l'Intérieur sont éga­le­ment deman­dées. Plusieurs asso­cia­tions fémi­nistes et de défense des droits humains envi­sagent, par ailleurs, selon Libération de se joindre à leur action judi­ciaire. « Ce qu’il s’est pas­sé n’est pas digne d’une démo­cra­tie, sauf à consi­dé­rer que les femmes n’ont plus le droit de par­ler. Quand on en est à contrô­ler les librai­ries, on est plus dans un Etat de droit », conclut Hélène Devynck.

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