Sur la Croisette, le street artiste engagé Toolate a érigé une miniprison autour de l’empreinte de main de Depardieu datant de 1984.
“Monstre sacré du cinéma”, “immense acteur”… Face à un argumentaire réchauffé à base de distinguer‑l’homme-de‑l’artiste, le militant niçois Toolate a décidé de contre-attaquer avec sa propre contribution au monde de l’Art avec un grand et inébranlable A. Sur le chemin des étoiles à Cannes, au pied du Palais des festivals, le street artiste a entouré une empreinte de la main de Gérard Depardieu d’un petit mur de briques agrémenté de fils barbelés. Le message, rédigé sous son post Instagram et digne d’une création de Banksy, est clair : “Main baladeuse en prison, pas en exposition.” Le texte écrit en lettres noires sur minifeuilles de papier blanc comme le font les colleuses.
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“Je cherche à susciter une réflexion sur les inégalités de traitement, tout en soulevant des questions sur les limites de la présomption d’innocence, la responsabilité, la justice et l’équité dans notre société”, a commenté au Parisien l’artiste, également connu pour ses œuvres dénonçant le surtourisme ou encore la maltraitance animale. Signataire de la contre-tribune fustigeant le soutien de plusieurs personnalités apporté à Gérard Depardieu, Toolate a ainsi choisi cette fois de “dénoncer l’impunité dont certaines personnalités pourraient bénéficier malgré de nombreuses accusations, poursuit-il auprès du Parisien. La protection offerte par le pouvoir et le statut de célébrité est un scandale. Il est crucial d’écouter et de soutenir les victimes qui ont le courage de porter plainte”.
L’empreinte de paluche se trouvait parmi les quelques 450 autres mains de célébrités conservées sur cette sorte de Walk of fame cannois jusqu’en 2012, date à laquelle elle a été déplacée pour cause de travaux sur la Croisette. Le street artiste explique donc avoir utilisé pour son installation une “reproduction” de la main de Gérard Depardieu, qui se trouvait “au même emplacement il y a quelques années”. Selon Régis Courvoisier, le directeur de la communication du Palais des festivals, également cité par Le Parisien, Depardieu aurait “été l’une des premières personnalités à laisser ses empreintes lorsque nous avons créé le Chemin des étoiles en 1984”. L’œuvre de Toolate n’était par ailleurs visible que durant le week-end du 6–7 janvier et a ensuite été démontée par l’artiste afin d’éviter tout accident. A priori, l’installation ne risquait pourtant pas de faire autant de dégâts que la main qu’elle renfermait.
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