Associations féministes et collectifs luttant pour les droits des personnes sans-papiers ou précaires se mobilisent, dans un texte commun, pour alerter sur les conséquences de la réforme de l’Aide médicale d’État voulue par le gouvernement. Le nouveau dispositif priverait de soin des dizaines de milliers de femmes étrangères en situation de précarité.
“Les femmes précaires dans le collimateur du gouvernement ?” C’est la question que posent, ce mercredi 17 avril, une trentaine de collectifs et associations féministes (Le Planning familial, Osez le féminisme !, #NousToutes, Women for Women France…) et d’autres luttant pour les droits des personnes sans-papiers ou précaires (le Samu social, la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs, la Cimade…), dans un communiqué commun dénonçant la réforme de l’Aide médicale d’État (AME) préparée par la majorité.
Réservée aux personnes étrangères en situation irrégulière sous condition de ressource (moins de 847 euros par mois de revenus), l’AME permet de bénéficier d’une prise en charge à 100 % des soins médicaux et concernait, fin 2023, 466 000 personnes. Elle est, ces derniers mois, dans le viseur de la droite, qui propose son remplacement par une Aide médicale d’urgence, beaucoup plus restrictive. En décembre, un rapport parlementaire avait conclu que l’AME est un dispositif “globalement maîtrisé”, mais qui “mérite d’être adapté”.
En réponse, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué, lors de son discours de politique générale en janvier, une réforme du dispositif AME “avant l’été par voie réglementaire” (et donc sans passer par le pouvoir législatif). De quoi, pour les associations signataires du communiqué, contourner “le débat parlementaire” et de ne pas informer “l’opinion publique”.
Dépendance accrue au conjoint
Parmi les pistes censées aider à des économies budgétaires : prendre en compte les revenus du·de la conjoint·e affilié·e à la Sécurité sociale afin de restreindre le nombre de personnes éligibles. Une réforme injuste, aux yeux des associations signataires : “Dans un couple où seule une personne est sans-papiers, celle-ci pourrait alors être privée de l’AME si son conjoint dispose de ressources dépassant le seuil.” Mais une telle disposition serait surtout de nature à mettre en danger les femmes, affirment-elles : “Cette réforme va fortement accroître les situations de dépendance des femmes à leur conjoint, et renforcer leur exposition aux violences conjugales, intrafamiliales et sexuelles.”
“La confiscation des documents d’identité ou le chantage aux papiers est par ailleurs courant” pour ces femmes isolées, poursuivent les militant·es. Or, le gouvernement prévoit également de “durcir la justification de l’identité” permettant d’accéder à l’AME, dénoncent-ils et elles encore. De quoi laisser craindre que “des dizaines de milliers de femmes n’aient accès à aucune couverture maladie pour se soigner”, alerte le communiqué. Ce qui, rappelons-le, pourrait créer des situations épidémiques pour l’ensemble de la population.
Considérant que le gouvernement cède “aux pressions de la droite et de l’extrême droite pendant les débats parlementaires sur la loi immigration”, ces associations l’appellent à “renoncer à cette réforme élaborée aujourd’hui à l’abri des regards”.
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