Breast Cancer Awareness on Teal Wooden Surface
© Miguel Á. Padriñán / Unsplash

Les can­cers frappent de plus en plus les moins de 50 ans

À l’image de Kate Middleton, qui a annon­cé être atteinte d’un can­cer à 42 ans, de plus en plus de per­sonnes de moins de 50 ans sont tou­chées par le can­cer. Décryptage d’un phé­no­mène en hausse. 

Le cas de Kate Middleton, atteinte d’un can­cer à l’âge de 42 ans, illustre un phé­no­mène d’ampleur. Sans que l’on com­prenne bien pour­quoi, les moins de 50 ans sont, depuis plu­sieurs décen­nies, de plus en plus frappé·es par cette mala­die. C’est une véri­table “épi­dé­mie” chez les moins de 50 ans, résume même le can­cé­ro­logue Shivan Sivakumar, cher­cheur à l’Université de Birmingham, en Angleterre. 

Entre 1990 et 2019, le nombre de per­sonnes de moins de 50 ans diag­nos­ti­quées d’un can­cer a aug­men­té de 80 % à tra­vers le monde, selon une vaste étude publiée en 2023 dans la revue bri­tan­nique médi­cale BMJ Oncology.

Hausse des décès

Le phé­no­mène, qui affecte par­ti­cu­liè­re­ment les pays déve­lop­pés, se tra­duit aus­si par une hausse des décès du can­cer chez les moins de 50 ans. En trente ans, leur nombre a aug­men­té de quelque 28 %. Quelques cas ont frap­pé le grand public, comme le décès à 43 ans de l’acteur Chadwick Boseman, star de Black Panther, à la suite d’un can­cer colo­rec­tal en 2020. De fait, les can­cers gastro-​intestinaux – colon, œso­phage, foie… – font l’objet d’une flam­bée par­ti­cu­liè­re­ment notable chez les jeunes. Selon l’American Cancer Society, ils consti­tuent la pre­mière cause de mort du can­cer chez les hommes de moins de 50 ans, et la seconde chez les femmes du même âge, der­rière le can­cer du sein.

Comment expli­quer un tel phé­no­mène ? On ne sait pas et la réponse est sûre­ment com­plexe. “À l’heure actuelle, il n’y a pas d’élément concluant” pour pri­vi­lé­gier une expli­ca­tion, explique le Dr Sivakumar. Il est pro­bable que plu­sieurs fac­teurs soient impliqués.

Le vac­cin anti-​Covid n’y est pour rien 

Une expli­ca­tion, popu­laire dans les milieux vac­ci­nos­cep­tiques, peut tou­te­fois être vite éva­cuée : la vac­ci­na­tion anti-​Covid n’est pour rien dans la hausse des can­cers chez les jeunes, puisque ce phé­no­mène était déjà enga­gé avant la pan­dé­mie. Les chercheur·euses pri­vi­lé­gient plu­tôt deux grandes pistes. Soit les géné­ra­tions récentes ont été plus expo­sées que leurs pré­dé­ces­seures à des fac­teurs de risques bien connus. Soit de nou­veaux risques sont apparus.

La pre­mière caté­go­rie d’hypothèses est notam­ment ali­men­tée par un constat : com­pa­rés aux géné­ra­tions pré­cé­dentes, les qua­dra­gé­naires actuel·les étaient plus jeunes quand ils·elles ont fait l’expérience du taba­gisme, de la consom­ma­tion d’alcool ou de l’obésité. Le der­nier point retient par­ti­cu­liè­re­ment l’attention de l’épidémiologiste Helen Coleman, de l’Université Queen’s de Belfast (Irlande). La cher­cheuse, qui a par­ti­cu­liè­re­ment étu­dié les can­cers chez les jeunes en Irlande du Nord, pointe une “épi­dé­mie d’obésité” qui n’existait pas avant les années 1980.

Reste l’autre grande hypo­thèse, qui avance l’apparition de nou­veaux can­cé­ro­gènes. Les théo­ries sont mul­tiples – pro­duits chi­miques, micro­plas­tiques, nou­velles drogues… – mais res­tent toutes spé­cu­la­tives. Objets d’une forte atten­tion média­tique, les ali­ments ultra trans­for­més ont récem­ment été cités comme pos­sible cou­pables. Mais, là encore, “il y a vrai­ment très peu de don­nées pour appuyer cette idée”, note la pro­fes­seure Coleman.

Lire aus­si I Le nombre de can­cers a dou­blé en 30 ans, notam­ment chez les femmes

Faute de connaître les causes pro­fondes du phé­no­mène, il est dif­fi­cile de savoir quoi faire pour endi­guer la hausse des can­cers chez les jeunes. Pour cer­taines auto­ri­tés sani­taires, le dépis­tage est un outil cru­cial. Les États-​Unis ont, ain­si, abais­sé en 2021 à 45 ans l’âge auquel il est recom­man­dé de se faire dépis­ter pour les can­cers colo­rec­taux. En France, l’âge mini­mum reste fixé à 50 ans, mais certain·es gastro-​entérologues défendent un abaissement. 

De manière plus géné­rale, les chercheur·euses interrogé·es espèrent que le cas de la prin­cesse de Galles atti­re­ra l’attention des jeunes sur le fait que le can­cer ne frappe pas que les plus vieux et les plus vieilles. Et qu’en cas de doute sur un symp­tôme, mieux vaut consul­ter ? “Si vous sen­tez que quelque chose ne va pas, ne per­dez pas de temps : allez vous faire exa­mi­ner”, conclut le Dr Sivakumar.

Partager
Articles liés
l1005718

Aides aux exi­lées : les femmes au taquet

Parmi les bénévoles de l’aide aux migrant·es et aux réfugié·es, il n’y a quasiment que des femmes. Ce sont elles qui, à tous âges, nourrissent, orientent et défendent l’humanité des déraciné·es. De Calais à la campagne jurassienne en passant par la...

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.