E471, E407, E407a... Les émulsifiants ajoutés dans certaines préparations alimentaires industrielle provoquent un risque accru de cancer, notamment du sein et de la prostate, vient de démontrer une grande étude française.
Ce sont des petites douceurs qui peuvent coûter cher à votre santé sur le long terme. Bonbons gélifiés, barres chocolatées, plats préparés… Ces produits ultra transformés contiennent des émulsifiants, permettant d’améliorer leur aspect, leur texture et leur conservation. Selon une étude coréalisée par l’Inserm et l’Inrae parue ce 14 février dans la revue PLOS Medicine, la consommation régulière de ces additifs augmente de 15 % le risque de cancers.
Cette étude de grande ampleur a suivi, pendant sept ans, 92 000 personnes - dont 79% de femmes – faisant partie de la cohorte NutriNet-Santé (panel d’individus de grande ampleur suivi sur une longue période par l’Inserm pour plusieurs études sur les liens entre santé et alimentation). Il leur a été demandé, par au moins trois fois, de renseigner ce qu’elles avaient mangé sur vingt-quatre heures, en précisant les marques des produits, de manière à pouvoir vérifier si, dans leur composition, on trouvait des émulsifiants. En les suivant sur le long terme et en écartant des biais tels que la consommation parallèle de tabac et d’alcool, l’étude a ensuite pu démontrer une prévalence d’apparition de cancers chez les personnes consommant régulièrement les produits contenant ces additifs. Au total, 2 604 cancers ont été déclarés sur la cohorte, la majorité d’entre eux étant des cancers du sein (750), puis de la prostate (322).
L’étude pointe des émulsifiants particuliers sur la soixantaine pris en compte : d’une part, une consommation excessive de E471 – utilisé comme émulsifiant, agent d’enrobage, gélifiant, antioxydant et support pour colorant – augmente le risque de cancers de 15 %, et plus particulièrement celui du sein (24 %) et de la prostate (46 %). Et d’autre part, la consommation excessive de E407 et E407a, qui sont des épaississants et gélifiants, est associée dans les résultats à un risque accru de 32 % de cancer du sein.
Pas que la “malbouffe”
L’étude montre qu’il est difficile de contourner la consommation de ces émulsifiants : plus de 80% de la cohorte consommait des produits contenant l’E471 au quotidien. Interrogée par Le Monde, la nutritionniste et directrice de recherche à l’Inserm Mathilde Touvier explique d’ailleurs qu’au-delà des évidentes confiseries, on trouve cet additif dans “des aliments qui ne sont pas forcément estampillés ‘malboufe’”. Il faut donc faire particulièrement attention aux étiquettes.
Coautrice de l'étude, Mathilde Touvier appelle surtout à une prise de responsabilité des pouvoirs publics. "On aimerait que d’autres études épidémiologiques confirment ces résultats, de manière à avoir un niveau de preuves consolidé, dit-elle au Monde. Mais si on attend d’avoir fini de tout explorer et de comprendre exactement comment fonctionne le moindre additif, dans vingt ans, on y sera encore. Entre-temps, certaines mesures de précaution pourraient être prises."
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