Dans un communiqué publié le 4 octobre, le collectif Maths&Sciences s’inquiète d’une « diminution inédite » du nombre de filles suivant des parcours scientifiques au lycée. Une chute d’autant plus marquée pour les filières mathématiques.
N’y aura-t-il bientôt plus de lycéennes dans les filières scientifiques ? Le collectif Maths&Sciences, qui regroupe des associations de professeur·es du second degré, de l’enseignement supérieur ainsi que des associations militant pour la place des femmes dans les métiers scientifiques, tire la sonnette d’alarme sur cette sombre éventualité. Le collectif dénonce même « un retour en arrière de vingt ans dans la lutte contre les inégalités filles-garçons » dans les études scientifiques.
Dans un communiqué paru mardi 4 octobre, le collectif s'alarme en effet « d’une diminution inédite de la part des filles dans tous les parcours scientifiques » depuis la réforme du lycée général en 2019. Pour rappel, cette dernière avait pour but de simplifier l'examen du baccalauréat et de prendre en compte le contrôle continu. Une baisse chez les filles par ailleurs en rupture avec la hausse de la féminisation de ces matières observée ces dernières décennies. Un long combat contre les inégalités scolaires filles-garçons avait en effet permis de faire progresser le taux de filles dans les filières scientifiques de 40,2 % en 1994 à 47,5 % en 2019, note l’analyse faite par le collectif.
![Le nombre de filles en filières scientifiques « chute massivement » depuis la réforme du lycée 2 Capture d’écran 2022 10 07 à 16.07.34](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/10/Capture-d’écran-2022-10-07-à-16.07.34.jpg)
Depuis la réforme, ce taux a brutalement baissé de 28 % avec 67 890 lycéennes étudiant dans des filières scientifiques en 2021 contre 94 522 avant 2019, alors même que la proportion de filles en terminale est restée stable. Si la part des garçons a elle aussi chuté dans les filières scientifiques depuis 2019, elle reste relativement faible (20%) comparée à celle des filles.
Une baisse par ailleurs d’autant plus brutale lorsqu’on associe un enseignement de mathématique de six heures ou plus par semaine : l’effectif diminue de 61 % pour les filles tandis qu’il baisse seulement de 37 % pour les garçons. Le collectif Maths&Sciences pointe que l’écart se creuse encore davantage lorsqu’on passe à huit heures ou plus de mathématiques par semaine – qui concerne les élèves de terminale suivant la spé maths. Dans ce cas, elles ne sont plus que 12 796 en 2021 contre 18 096 avant la réforme, soit une baisse de 29 % depuis 2019. Chez les garçons, le rapport pointe une baisse de… 1 % en deux ans.
![Le nombre de filles en filières scientifiques « chute massivement » depuis la réforme du lycée 3 Capture d’écran 2022 10 07 à 16.07.44](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/10/Capture-d’écran-2022-10-07-à-16.07.44.jpg)
Stéréotypes de genre et choix réduits
Comment expliquer cette baisse brutale alors même que, selon le rapport, « les filles réussissent mieux que les garçons à tous les niveaux d’étude et dans pratiquement toutes les formations, de l’école primaire jusqu’au lycée et dans les études supérieures » ? Une inégalité qui pourrait s’expliquer, selon le collectif, par l’image masculine des sciences, particulièrement des mathématiques, véhiculée par la société et les stéréotypes. Le collectif piste également la précocité des choix depuis la réforme des lycées qui oblige les élèves à choisir une spécialité déterminante dès la première.
Une précocité qui « accentue la dimension genrée des choix conseillés et les refuges dans des choix stéréotypés », note Maths&Sciences qui ajoute que « l’absence de disciplines scientifiques dans le tronc commun rend impossible les changements d’avis vers les parcours scientifiques en terminale ». C’est pourquoi, le collectif recommande un « rééquilibrage entre tronc commun et spécialités en première ».
Vers un retour des maths dans le tronc commun ?
Le gouvernement semblait alors avoir pris la mesure de la diminution du nombre d'élèves optant pour les maths en première. Alors que cette matière avait été supprimée du tronc commun en 2019, l'ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait annoncé en mai dernier leur retour en les intégrant à l'enseignement scientifique dès la classe de première à la rentrée 2022. En septembre dernière pourtant, les mathématiques ne figuraient toujours pas dans le tronc commun des élèves de première. Aucune annonce n'a pour l'instant été faite quant à leur réintégration – ou non – dans le tronc commun pour la prochaine rentrée.