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©Louis Reed

Le nombre de filles en filières scien­ti­fiques « chute mas­si­ve­ment » depuis la réforme du lycée

Dans un com­mu­ni­qué publié le 4 octobre, le col­lec­tif Maths&Sciences s’inquiète d’une « dimi­nu­tion inédite » du nombre de filles sui­vant des par­cours scien­ti­fiques au lycée. Une chute d’autant plus mar­quée pour les filières mathématiques.

N’y aura-​t-​il bien­tôt plus de lycéennes dans les filières scien­ti­fiques ? Le col­lec­tif Maths&Sciences, qui regroupe des asso­cia­tions de professeur·es du second degré, de l’enseignement supé­rieur ain­si que des asso­cia­tions mili­tant pour la place des femmes dans les métiers scien­ti­fiques, tire la son­nette d’alarme sur cette sombre éven­tua­li­té. Le col­lec­tif dénonce même « un retour en arrière de vingt ans dans la lutte contre les inéga­li­tés filles-​garçons » dans les études scientifiques. 

Dans un com­mu­ni­qué paru mar­di 4 octobre, le col­lec­tif s'alarme en effet « d’une dimi­nu­tion inédite de la part des filles dans tous les par­cours scien­ti­fiques » depuis la réforme du lycée géné­ral en 2019. Pour rap­pel, cette der­nière avait pour but de sim­pli­fier l'examen du bac­ca­lau­réat et de prendre en compte le contrôle conti­nu. Une baisse chez les filles par ailleurs en rup­ture avec la hausse de la fémi­ni­sa­tion de ces matières obser­vée ces der­nières décen­nies. Un long com­bat contre les inéga­li­tés sco­laires filles-​garçons avait en effet per­mis de faire pro­gres­ser le taux de filles dans les filières scien­ti­fiques de 40,2 % en 1994 à 47,5 % en 2019, note l’analyse faite par le collectif. 

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Depuis la réforme, ce taux a bru­ta­le­ment bais­sé de 28 % avec 67 890 lycéennes étu­diant dans des filières scien­ti­fiques en 2021 contre 94 522 avant 2019, alors même que la pro­por­tion de filles en ter­mi­nale est res­tée stable. Si la part des gar­çons a elle aus­si chu­té dans les filières scien­ti­fiques depuis 2019, elle reste rela­ti­ve­ment faible (20%) com­pa­rée à celle des filles.

Une baisse par ailleurs d’autant plus bru­tale lorsqu’on asso­cie un ensei­gne­ment de mathé­ma­tique de six heures ou plus par semaine : l’effectif dimi­nue de 61 % pour les filles tan­dis qu’il baisse seule­ment de 37 % pour les gar­çons. Le col­lec­tif Maths&Sciences pointe que l’écart se creuse encore davan­tage lorsqu’on passe à huit heures ou plus de mathé­ma­tiques par semaine – qui concerne les élèves de ter­mi­nale sui­vant la spé maths. Dans ce cas, elles ne sont plus que 12 796 en 2021 contre 18 096 avant la réforme, soit une baisse de 29 % depuis 2019. Chez les gar­çons, le rap­port pointe une baisse de… 1 % en deux ans. 

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Stéréotypes de genre et choix réduits

Comment expli­quer cette baisse bru­tale alors même que, selon le rap­port, « les filles réus­sissent mieux que les gar­çons à tous les niveaux d’étude et dans pra­ti­que­ment toutes les for­ma­tions, de l’école pri­maire jusqu’au lycée et dans les études supé­rieures » ? Une inéga­li­té qui pour­rait s’expliquer, selon le col­lec­tif, par l’image mas­cu­line des sciences, par­ti­cu­liè­re­ment des mathé­ma­tiques, véhi­cu­lée par la socié­té et les sté­réo­types. Le col­lec­tif piste éga­le­ment la pré­co­ci­té des choix depuis la réforme des lycées qui oblige les élèves à choi­sir une spé­cia­li­té déter­mi­nante dès la première.

Une pré­co­ci­té qui « accen­tue la dimen­sion gen­rée des choix conseillés et les refuges dans des choix sté­réo­ty­pés », note Maths&Sciences qui ajoute que « l’absence de dis­ci­plines scien­ti­fiques dans le tronc com­mun rend impos­sible les chan­ge­ments d’avis vers les par­cours scien­ti­fiques en ter­mi­nale ». C’est pour­quoi, le col­lec­tif recom­mande un « rééqui­li­brage entre tronc com­mun et spé­cia­li­tés en pre­mière ».

Vers un retour des maths dans le tronc commun ?

Le gou­ver­ne­ment sem­blait alors avoir pris la mesure de la dimi­nu­tion du nombre d'élèves optant pour les maths en pre­mière. Alors que cette matière avait été sup­pri­mée du tronc com­mun en 2019, l'ancien ministre de l’Éducation natio­nale Jean-​Michel Blanquer avait annon­cé en mai der­nier leur retour en les inté­grant à l'enseignement scien­ti­fique dès la classe de pre­mière à la ren­trée 2022. En sep­tembre der­nière pour­tant, les mathé­ma­tiques ne figu­raient tou­jours pas dans le tronc com­mun des élèves de pre­mière. Aucune annonce n'a pour l'instant été faite quant à leur réin­té­gra­tion – ou non – dans le tronc com­mun pour la pro­chaine rentrée.

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