Cette disposition votée à l'unanimité vient compléter le droit, qui prévoit déjà d’exclure les conjoint·es meurtrier·ères de la succession du ou de la défunt·e.
L’Assemblée nationale a approuvé à l'unanimité, jeudi en première lecture, un texte proposé par le MoDem permettant de priver les époux·ses reconnu·es coupables de meurtre ou de tentative de meurtre sur conjoint·e des avantages matrimoniaux liés à leur contrat de mariage.
Le texte, consensuel, était le dernier proposé par le groupe centriste dans le cadre de sa niche parlementaire. Il a été approuvé par la totalité des 78 votant·es.
Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a salué un texte mettant fin à une “situation inique”, alors qu’en “l’état du droit l’époux qui a provoqué ou tenté de provoquer la mort de son conjoint peut, sans encombre, tirer profit des avantages matrimoniaux insérés dans le contrat de mariage”.
Ces avantages matrimoniaux, éventuellement ajoutés dans un contrat de mariage, consistent en une amélioration de ce que prévoit le droit commun en ce qui concerne la part du patrimoine qui revient à un·e époux·se en cas du décès de son·sa conjoint·e.
Actuellement," le conjoint qui vient de tuer son partenaire est exclu de la succession de celui-ci […] Mais la loi est muette aujourd’hui sur le sort à réserver aux avantages matrimoniaux, c’est-à-dire aux clauses de contrat de mariage qui bénéficient à l’époux lorsque l’autre décède”, expose la députée Perrine Goulet dans son rapport.
“Indignité successorale”
La privation de droits successoraux d’un·e conjoint·e meurtrier·ère (ou qui a tenté de tué son·sa conjoint·e) se fait au titre de l’“indignité successorale” depuis 2001. En 2020, le législateur a ajouté un cas d’indignité facultative pour protéger les victimes de violences conjugales : sont exclu·es de la succession d’un·e défunt·e celui ou celle qui a été condamné·e pour avoir commis des tortures et actes de barbarie, des violences volontaires, un viol ou une agression sexuelle à son encontre, si un·e autre héritier·ère en fait la demande auprès d’un tribunal.
Un autre article du texte prévoit d’étendre les cas où l’administration fiscale peut exempter une personne séparée de son conjoint d’être solidaire de sa dette, comme lorsque ce dernier s’est rendu coupable de fraude ou de violences conjugales. “Nous mettons fin à une injustice”, s’est félicité sur X le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.