Sarah El Hairy 2023
Portrait de la ministre Sarah El Hairy, au ministère de l’éducation - Paris, le mercredi 15 mars 2023. © Philippe DEVERNAY

“L'annonce de la PMA de Sarah El Haïry est un deuxième coming out”, selon Larissa Meyer de l'asso des familles homoparentales

Larissa Meyer, réfé­rente PMA de l’association des familles homo­pa­ren­tales, revient pour Causette, sur l’annonce de la gros­sesse par PMA de la secré­taire d’État à la bio­di­ver­si­té, Sarah El Haïry, dans La Tribune dimanche, le week-​end dernier.

Elle a été la pre­mière membre d’un gou­ver­ne­ment à faire son coming out les­bien, il y a six mois, dans le maga­zine Forbes. Elle est désor­mais la pre­mière à annon­cer publi­que­ment sa gros­sesse par pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée (PMA) dans la presse. Le 8 octobre der­nier, dans La Tribune dimanche, nou­velle publi­ca­tion domi­ni­cale, la secré­taire d’État char­gée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, a révé­lé être enceinte de six mois et avoir eu recours à la PMA avec sa com­pagne. En réac­tion, elle a été vic­time de les­bo­pho­bie sur X (ex-​Twitter).

Plus de deux ans après l’ouverture de la PMA aux couples les­biens et femmes céli­ba­taires, que dit cette prise de posi­tion ? Courage ? Progressisme ? Communication poli­tique ? Larissa Meyer, réfé­rente PMA de l’association des familles homo­pa­ren­tales (ADFH), répond aux ques­tions de Causette.

Causette : Pendant long­temps, les femmes et les hommes poli­tiques ouver­te­ment les­biennes ou gays se sont compté·es sur les doigts d’une main. L’annonce de la gros­sesse par PMA de Sarah El Haïry est-​elle une bonne chose selon vous ?
Larissa Meyer : Complètement ! C’est une bonne nou­velle que des per­son­na­li­tés poli­tiques s’engagent sur ce genre de sujet, sur­tout après l’homophobie qu’a subie récem­ment Muriel Robin en affir­mant que son homo­sexua­li­té assu­mée a été un frein à sa car­rière de comé­dienne.
Sarah El Haïry avait déjà fait son coming out. Pour moi, c’est une deuxième forme de coming out de dire publi­que­ment qu’on a eu un enfant par PMA, je trouve. C’est le même genre de démarche. Mais c’est dom­mage qu’il faille encore le saluer. Elle a reçu des injures homo­phobes sur les réseaux sociaux après son annonce, ça montre que, mal­heu­reu­se­ment, c’est encore néces­saire de le faire.
Après oui, il y a eu un chan­ge­ment de socié­té depuis le mariage pour tous. Aujourd’hui, ça fait par­tie de l’ordre des choses alors qu’avant les familles homo­pa­ren­tales étaient réduites au silence et à la clan­des­ti­ni­té. Il y a tou­jours des gens qui réagissent, mais pou­voir se marier ou avoir un enfant avec sa com­pagne, ça fait désor­mais par­tie du champ des pos­sibles, et ce, même pour les per­sonnes qui ne sont pas concer­nées. Moi, quand j’annonce que j’ai eu un enfant par PMA en solo, les gens trouvent ça nor­mal. Mais le fait qu’une ministre l’annonce publi­que­ment, et que cela soit encore un évé­ne­ment pour beau­coup, montre qu’il y a encore un besoin de reven­di­quer nos droits. Le sujet de la PMA reste un sujet d’engagement politique.

Le 2 août 2021, la loi rela­tive à la bioé­thique élar­gis­sait la PMA à toutes les femmes qui ont un pro­jet paren­tal, aux couples les­biens comme aux femmes céli­ba­taires. Selon les der­niers chiffres, 21 bébés sont nés de ce par­cours, 2 000 pre­mières ten­ta­tives de PMA et près de 23 000 demandes de pre­mière consul­ta­tion ont été recen­sées. La visi­bi­li­té de la PMA de Sarah El Haïry et de sa com­pagne est-​elle, selon vous, un bon moyen de faire connaître la pra­tique et de la nor­ma­li­ser auprès du public ? 
L.M. : Oui. Le sou­ci, c’est qu’avant, ça res­tait un sujet clan­des­tin, puisqu’il fal­lait aller à l’étranger pour le faire. Il y avait cette idée d’enfreindre la loi, même si on ne fait rien d’illégal quand on va faire un enfant à l’étranger. Et sur­tout, la deuxième maman n’était pas plei­ne­ment recon­nue en tant que mère dans son pays. Le fait que Sarah El Haïry déclare publi­que­ment qu’elle a eu recours à la PMA en France, ça nor­ma­lise la pra­tique. Ça peut ser­vir d’exemple, sur­tout pour les jeunes qui ont besoin de modèles et de per­son­na­li­tés à qui s’identifier. Ça aura tou­jours un effet posi­tif sur les jeunes. Mais après, est-​ce que ça va rendre la PMA plus acces­sible en France ? Je ne pense pas parce que le sujet d’une meilleure acces­si­bi­li­té du don pour les femmes n’est pas juste un sujet poli­tique, c’est un sujet qui concerne les moyens don­nés aux centres de dons. Aujourd’hui, l’accès aux dons de gamètes est com­pli­qué en France. On manque de centres de dons, la pra­tique étant été inter­dite aux centres pri­vés de PMA. 

Certain·es ont vu une ins­tru­men­ta­li­sa­tion poli­tique der­rière l’annonce de Sarah El Haïry – dont le bilan au secré­ta­riat d’État à la jeu­nesse et au Service natio­nal uni­ver­sel a été lar­ge­ment cri­ti­qué et dont l’action poli­tique au secré­ta­riat d’État à la bio­di­ver­si­té, où elle a été nom­mée en juillet der­nier, inter­roge régu­liè­re­ment les défenseur·euses de l’environnement. 
L.M. : Dès que les per­sonnes LGBT sortent du pla­card, on avance des rai­sons poli­tiques alors que lorsqu’une per­son­na­li­té poli­tique hété­ro affiche sa gros­sesse, son conjoint ou ses enfants, per­sonne ne parle d’instrumentalisation. L’annonce de la PMA de Sarah El Haïry dans la presse ne veut pas dire qu’il existe for­cé­ment un agen­da poli­tique caché la concer­nant. Toutes les per­sonnes LGBT qui vivent ouver­te­ment leur orien­ta­tion sexuelle dans leur vie de tous les jours et dans leur vie publique par­ti­cipent d’une cer­taine manière à un enga­ge­ment pour l’égalité.

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