Les forces de l’ordre sont intervenues plus de dix mille fois en 2023 en lien avec le bracelet anti-rapprochement, mis en place pour tenir à distance conjoints ou ex-conjoints violents, un chiffre multiplié par trois en un an, a annoncé jeudi le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.
Pensés pour empêcher les auteurs de violences faites aux femmes de s’approcher de leurs victimes, les bracelets anti-rapprochement (BAR) ont été mis en place en France avec la loi du 28 décembre 2019 visant à agir “contre les violences au sein de la famille”. Quatre ans plus tard, “en 2023, le nombre de drames évités grâce au bracelet anti-rapprochement a été multiplié par trois, passant de 3 634 en 2022 à près de 10 500 interventions des forces de l’ordre”, a déclaré jeudi le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti, lors d’une audition devant la délégation aux droits des femmes au Sénat. “Ce sont autant de femmes sauvées, d’enfants sauvés”, s’est félicité le garde des Sceaux.
Ce dispositif porté à la cheville permet de géolocaliser le conjoint ou ex-conjoint violent et de déclencher un système d’alerte lorsqu’il s’approche de la personne protégée au-delà d’un périmètre défini par le·la juge. Le conjoint ou ex-conjoint violent est alors contacté par une plateforme de télé-assistance, puis les forces de l’ordre sont alertées s’il ne répond pas ou ne rebrousse pas chemin. À l’heure actuelle, mille bracelets anti-rapprochement sont actifs en France. La quasi-majorité sont portés “après condamnation et un dixième avant jugement dans le cadre du contrôle judiciaire”, d’après le ministère de la Justice. En 2023, ils auront mené à dix mille interventions des forces de l’ordre.
Mais aussi d’autres dispositifs…
Les téléphones "grave danger" (TGD), qui permettent aux femmes d'appeler les secours en urgence et d'être géolocalisées, ont quant à eux "permis d'éviter près 2 500 drames en 2022", a ajouté Eric Dupont-Moretti. Selon la Chancellerie, 3 556 TGD ont été attribués en 2022, contre 727 en 2020.
Les ordonnances de protection, qui imposent l’éviction du conjoint violent ou lui interdisent d’entrer en contact avec sa victime, “ont également permis de sauver des vies”, a affirmé le ministre de la Justice, rappelant qu’elles étaient désormais prononcées en six jours, contre quarannte-deux jours précédemment, et qu’elles le seraient bientôt en vingt-quatre heures “en cas d’urgence détectée par le procureur de la République”. En 2022, 3 586 ordonnances de protection ont été prononcées contre 1 392 en 2017, selon le ministère de la Justice.