L'individualisation de l'Allocation adultes handicapés (AAH) a été mise à l'ordre du jour de la session parlementaire de l'Assemblée qui s'ouvre ce lundi 18 juillet, dans le cadre du projet de loi d'urgence sur le pouvoir d'achat. Actuellement, son montant dépend des revenus du ou de la conjoint·e de la personne qui en bénéficie.
Enfin l'espoir pour les bénéficiaires de l'Allocation adultes handicapés (AAH), qui voient cette aide diminuer quand ils ou elles se mettent en couple. Dans le cadre du projet de loi « portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », les député·es vont examiner à partir de ce lundi 18 juillet un amendement visant à déconjugaliser l'AAH, c'est-à-dire à ne plus prendre en compte les revenus du ou de la conjoint·e pour en fixer le montant. Cette mesure pourrait concerner 270 000 personnes.
Cet amendement a été rédigé par les député·es de la commission des affaires sociales présidée par la députée Renaissance (nouveau nom de LREM) Fadila Khattabi. L'opposition de gauche s'est félicitée de l'inscription à l'ordre du jour de cet amendement, à l'image de la députée LFI Clémence Guetté qui, sur Twitter, a écrit : « Ils l'avaient refusé en mars 2019, en juin 2019, en décembre 2019, en juin 2021, en octobre 2021, et jusqu'en décembre 2021. Enfin, les macronistes nous ont rejoint sur la déconjugalisation de l'#AAH. En espérant qu'ils ne changent pas d'avis en séance. »
Alors qu'il s'était opposé au cours de son premier mandat présidentiel à la déconjugalisation de l'AAH, mi-avril, Emmanuel Macron faisait volte-face dans un contexte de campagne pour sa réélection en déclarant : « Ce qui est vrai, c'est que ça [la conjugalisation de l'AAH] crée une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap, donc on va le bouger. »
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À plusieurs moments au cours du quinquennat précédant, la majorité présidentielle avait en effet bloqué des propositions de loi allant dans ce sens. Au printemps 2021, une proposition de loi impulsée par une pétition ayant recueilli plus de 100 000 signatures avait ainsi été retoquée. En octobre dernier, La République en Marche (aujourd'hui Renaissance) avait rejeté en octobre une proposition similaire sous prétexte qu'elle était « inéquitable » (car profitant à tous·tes de façon indistincte).
Devenue intenable aux yeux de l'opinion, la position du gouvernement sur la déconjugalisation de l'AAH a donc été amendée. Lors de son discours de politique générale, le 6 juillet dernier, la Première ministre Élisabeth Borne, a promis de réformer les critères d'attribution de cette allocation afin qu'elle soit désormais seulement calculée en fonction des revenus du ou de la bénéficiaire, sans tenir compte des ressources de son ou sa conjoint·e. Un nouveau mode de calcul qui pourrait bénéficier à 160 000 ménages qui verraient alors leur AAH augmenter de 300 euros en moyenne, selon des évaluations menées par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).
Dispositif transitoire
Néanmoins selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, le gouvernement prévoit d'instaurer un « dispositif transitoire » afin d'éviter que certain·es bénéficiaires de l'AAH ne soient pénalisé·es par la mise en œuvre de ce nouveau mode de calcul. En effet, si la majorité des bénéficiaires de l'AAH perçoivent des revenus inférieurs à ceux de leur conjoint·e, certain·es travaillent et leur conjoint·e n'ont pas de revenus ou de faibles revenus.
Selon la DREES, les bénéficiaires de l'AAH pourraient ainsi être 44 000 à voir leur allocation diminuer avec la déconjugalisation. Le gouvernement estime que cette mesure leur ferait subir une perte moyenne de 270 euros. C'est pourquoi l'exécutif « a bien l'intention d'instituer un dispositif transitoire permettant à un allocataire de l'AAH, qui serait susceptible de voir le montant de son allocation diminuer en raison de la déconjugalisation, de conserver le montant de cette allocation jusqu'à l'expiration des droits acquis », a expliqué le ministre devant la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, lundi 11 juillet.
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