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Photo : Alexander Grey

Interdiction de la tran­si­tion médi­cale aux mineur·es trans : l’association Trans Santé France dénonce une pro­po­si­tion de loi LR inutile

Les sénateur·rices LR ont remis un rap­port sur les mineur·es trans­genres à la chambre haute du Parlement, ce jeu­di 21 mars, avant le dépôt d’une pro­po­si­tion de loi. Pour Béatrice Denaes, cofon­da­trice de l’association Trans Santé France, ses pré­co­ni­sa­tions “enfoncent des portes ouvertes”.

Face à “une hausse crois­sante des demandes de chan­ge­ment de sexe chez les enfants et les ado­les­cents, en France comme à l’étranger”, le groupe Les Républicains (LR) du Sénat s’organise. Il a remis à la chambre haute du Parlement, ce jeu­di 21 mars, un rap­port de plus de 340 pages sur la ”tran­si­den­ti­fi­ca­tion des mineurs”, fruit de l’audition de soixante-​sept expert·es (méde­cins, asso­cia­tions, parents…) et réa­li­sé sous l’égide de Jacqueline Eustache-​Brinio, séna­trice du Val‑d’Oise.

Quinze pré­co­ni­sa­tions ont émer­gé et doivent faire l’objet d’une pro­po­si­tion de loi de ces sénateur·trices, a révé­lé Le Point, avec comme idée direc­trice l’interdiction de toute tran­si­tion aux mineur·es. Plus pré­ci­sé­ment, ils et elles sou­haitent inter­dire “la pres­crip­tion de blo­queurs de puber­té”, “la chi­rur­gie de réas­si­gna­tion sexuelle” et “la pres­crip­tion et l’administration d’hormones croi­sées” aux moins de 18 ans. Sauf que les élu·es “enfoncent des portes ouvertes” avec ce rap­port, pour la jour­na­liste Béatrice Denaes, qui a cofon­dé l'association Trans Santé France.

“Aucune inter­ven­tion chi­rur­gi­cale ne se pra­tique sur les mineurs, sou­ligne cette der­nière auprès de Causette. La seule qui est auto­ri­sée à par­tir de 16 ans, c’est la tor­so­plas­tie, soit l’ablation des seins, pour les jeunes gar­çons trans, nés filles. Mais elle ne peut se faire qu’avec l’accord des parents et des méde­cins, lorsqu’ils consi­dèrent que le jeune trans est dans une situa­tion de grand déses­poir, de dépres­sion sévère et qu’il a pu éven­tuel­le­ment essayer de s’ôter la vie.” Idem pour la prise d’un trai­te­ment hor­mo­nal, pos­sible à par­tir de 16 ans, mais “dans des condi­tions excep­tion­nelles”.

À lire aus­si I "Notre exis­tence n'est pas un débat" : après une émis­sion consa­crée aux enfants trans, une péti­tion demande la sup­pres­sion de TPMP

“Ce n’est pas un effet de mode”

Quant aux blo­queurs de puber­té, “ils ne sont pas dis­tri­bués à tour de bras, mais pro­po­sés au bout de plu­sieurs rendez-​vous avec un pédo­psy­chiatre ou un pédoen­do­cri­no­logue”, affirme Béatrice Denaes. “Il s’agit d’un acte qui est tota­le­ment réflé­chi, là aus­si quand la vie devient véri­ta­ble­ment déses­pé­rée pour cer­tains jeunes ayant une peur phé­no­mé­nale de la pous­sée des seins, de la pous­sée des poils ou du chan­ge­ment de voix, ajoute-​t-​elle. Contrairement à ce qui est dit, ce ne sont pas des trai­te­ments à vie ni irré­ver­sibles. Ils ne sont pas non plus expé­ri­men­taux mais uti­li­sés depuis des décen­nies pour les enfants déve­lop­pant une puber­té pré­coce. Tout est tou­jours sous le contrôle des médecins.”

La copré­si­dente de Trans Santé France fait par­tie des membres des asso­cia­tions qui ont été audi­tion­nées par le groupe de sénateur·trices LR à l’origine du rap­port, qu’elle juge, après-​coup, “à charge”. “Quand je lis leurs pré­co­ni­sa­tions, je me rends compte que l’on a été écou­tés mais pas enten­dus, regrette-​t-​elle. Tout ce que l’on a pu dire est absent des conclu­sions. J’ai l’habitude des audi­tions et d’expliquer la situa­tion des per­sonnes trans. Mais là, je ne me suis jamais sen­tie aus­si mal à l’aise.”

En France, aucun recen­se­ment offi­ciel n’existe concer­nant le nombre d’ados trans. Selon des chiffres de la Caisse natio­nale d’assurance mala­die (Cnam), en 2020, sur les 8 952 per­sonnes titu­laires d’une affec­tion de longue durée (ALD) pour “tran­si­den­ti­té”, seule­ment 294 sont âgées de 17 ans et moins. “On a l’impression qu’il y a de plus en plus de per­sonnes trans en France. Mais c’est sim­ple­ment parce que ce n’est plus inter­dit. Avant, on ne le disait pas, on vivait cachés. Maintenant on sort du bois. Ce n’est ni une épi­dé­mie, comme j’ai pu l’entendre, ni un effet de mode”, sou­ligne Béatrice Denaes. Au lieu d’interdictions, cette der­nière attend plu­tôt des “recom­man­da­tions bien­veillantes”. Elles pour­raient pro­ve­nir d’un rap­port de la Haute Autorité de san­té, qui doit publier, dans le cou­rant de l’année, des pré­co­ni­sa­tions pour la prise en charge médi­cale des transgenres.

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