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© Pixabays

Fusion de l’audiovisuel public : mobi­li­sa­tion contre le pro­jet de réforme de Rachida Dati

Tout un sec­teur mobi­li­sé : de France Télévisions à Radio France, les per­son­nels sont en grève jeu­di et ven­dre­di contre le pro­jet de fusion éclair de l'audiovisuel public défen­du par la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Face au pro­jet de fusion de l'audiovisuel public pro­po­sé par la ministre de la culture, Rachida Dati, le sec­teur concer­né se met en grève ce jeu­di 23 mai. L'Assemblée natio­nale doit théo­ri­que­ment débattre de cette réforme au même moment en pre­mière lec­ture, avec 280 amen­de­ments au menu. Mais l'examen risque d'être repous­sé au 24 juin en rai­son du retard pris sur un autre texte, le pro­jet de loi agri­cole. Des réseaux régio­naux de France 3 ou France Bleu aux sièges pari­siens, la mobi­li­sa­tion s'annonce mas­sive contre ce qui est per­çu comme un "pas­sage en force".

Jeudi matin, les antennes de Radio France sont per­tur­bées et les émis­sions habi­tuelles ont été rem­pla­cées par de la musique. Côté télé­vi­sion, si l’émission Télématin, sur France 2, a pu se dérou­ler en direct, la chaîne France Info a redif­fu­sé des pro­grammes. Pour assu­rer la retrans­mis­sion du débat jeu­di soir sur France 2 entre le Premier ministre, Gabriel Attal, et le pré­sident du RN, Jordan Bardella, la direc­tion a en outre pré­vu de recou­rir à des pres­ta­taires externes, d’après les syndicats.

Voulant “ras­sem­bler les forces”, la ministre de la Culture pré­voit une phase tran­si­toire avec une hol­ding com­mune pour l’audiovisuel public au 1er jan­vier 2025, puis une fusion un an après. Quelque 16 000 salarié·es sont concerné·es. Outre France Télévisions et Radio France, le mas­to­donte de l’audiovisuel ras­sem­ble­rait éga­le­ment l’Institut natio­nal de l’audiovisuel (Ina) et France Médias Monde (RFI, France 24). L’intégration de ce der­nier groupe fait cepen­dant débat jusque dans le camp présidentiel.

Des pré­avis de grève ont été dépo­sés dans ces quatre socié­tés publiques, où l’on craint pour les moyens et les emplois. Un ras­sem­ble­ment est pré­vu aux abords du minis­tère de la Culture jeu­di à 13 h 30. “C’est notre sur­vie qui se joue”, ont affir­mé les syn­di­cats de Radio France, lors d’une assem­blée géné­rale mer­cre­di, en appe­lant à envoyer “un mes­sage radi­cal” par la grève. Ils pré­parent une autre mobi­li­sa­tion pour le 28 mai, dans le cas où le pre­mier vote solen­nel de la réforme par les député·es serait main­te­nu à cette date.

Lire aus­si l Entre confiance dans la mobi­li­sa­tion et inquié­tude pour leur ave­nir, les jour­na­listes du JDD orga­nisent un hap­pe­ning « sym­bo­lique » devant le minis­tère de la Culture

"Inefficace et dangereux"

Les inquié­tudes sont par­ti­cu­liè­re­ment vives à la Maison ronde à l’idée que la radio puisse être pha­go­cy­tée par la télé. Dans une tri­bune au Monde publiée mer­cre­di, plus de 1 100 salarié·es de Radio France, dont les présentateur·rices Léa Salamé, Nicolas Demorand, Guillaume Erner et Nagui, ont dit leur rejet d’un pro­jet “déma­go­gique, inef­fi­cace et dan­ge­reux”. “Pourquoi enga­ger [le sec­teur] dans une fusion qui s’annonce longue, com­plexe, anxio­gène pour les sala­riés et sans réel objec­tif édi­to­rial ?” demandent aus­si les syn­di­cats de France Télévisions.

Aux per­son­nels, Rachida Dati a assu­ré dimanche : “Je veux vous garan­tir non seule­ment une péren­ni­té, mais [aus­si] votre force” dans un uni­vers de “concur­rence exa­cer­bée”, entre pla­te­formes et réseaux sociaux. “Le moment poli­tique est venu”, selon la ministre, après une ten­ta­tive de rap­pro­che­ment par son pré­dé­ces­seur Franck Riester stop­pée par le Covid-​19. “Évidemment, on ne va uni­for­mi­ser ni les métiers ni les acti­vi­tés”, a‑t-​elle aus­si mar­te­lé, mer­cre­di, au Sénat lors des ques­tions au gou­ver­ne­ment. La socié­té géante, dénom­mée “France Médias”, aurait un bud­get de 4 mil­liards d’euros. Pour accé­lé­rer, la ministre issue de LR s’est appuyée sur une pro­po­si­tion de loi du séna­teur Laurent Lafon (Union cen­triste) pro­gram­mant une hol­ding, déjà adop­tée en juin 2023 par la chambre haute. “Nous ne sommes pas oppo­sés à la fusion”, mais “on peut s’interroger sur le calen­drier”, a sou­li­gné Laurent Lafon sur Public Sénat mer­cre­di. La navette par­le­men­taire ne fait que démarrer.

Le sort de France Médias Monde ne paraît pas tran­ché. Le ministre des Affaires étran­gères, Stéphane Séjourné, a affir­mé que le gou­ver­ne­ment était fina­le­ment pour son exclu­sion de l’entreprise unique. Mais les dis­cus­sions pour­raient être ser­rées avec la droite, qui est à l’inverse atta­chée à son inclu­sion. Les élus RN – favo­rables à une pri­va­ti­sa­tion pure et simple de l’audiovisuel public – sou­tiennent le pro­jet de fusion. Privatiser ? Le patron de LR Eric Ciotti n’a “pas de tabou” non plus. De son côté, la gauche tor­pille hol­ding comme fusion. LFI voit dans ce pro­jet “l’aboutissement du déni­gre­ment et de l’affaiblissement” du ser­vice public opé­ré par Emmanuel Macron. “C’est pas le retour de l’ORTF qui va nous per­mettre de concur­ren­cer Netflix”, ren­ché­rissent les écologistes.

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