L’actrice et militante féministe Adèle Haenel subit des attaques sexistes pour avoir pris position contre le projet de réforme des retraites lors du meeting féministe et antiraciste organisé par Révolution Permanente le 20 février dernier à l’université Paris VIII.
Révolution Permanente dénonce « des torrents de boue sexistes et réactionnaires ». Depuis quelques jours, la comédienne et militante féministe Adèle Haenel subit effectivement une vague de critiques, de la part de la droite et de l'extrême droite, à la fois dans la presse mais aussi sur les réseaux sociaux. En cause ? Des propos tenus, lundi 20 février, lors d’un « meeting féministe et antiraciste » organisé par les collectifs de l’organisation politique d’extrême gauche Révolution Permanente, Du Pain et Des Roses et Le Poing Levé, à l’université Paris VIII située à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
« J’ai joué dans un film qui s’appelle Portrait d’une jeune fille en feu, et aujourd’hui, j’ai envie de dire : vous pouvez mettre la misère aux capitalistes et aux bourgeois et faire le portrait de la jeunesse en feu », a déclaré Adèle Haenel devant 450 personnes réunies dans un amphithéâtre de l’université, dont une majorité d’étudiant·es. L’événement regroupait également Oumou Gueye, agent de nettoyage du réseau ferroviaire et ex-gréviste de la société de sous-traitance Onet, Maeva Amir, enseignante, ainsi que Laura Varlet, cheminote et militante à Révolution Permanente. « Je suis ici en tant que féministe et soutien à la grève comme unique moyen de se faire entendre, il faut bloquer économiquement le pays et construire la grève reconductible », a-t-elle poursuivi faisant écho à la mobilisation nationale du 7 mars prochain.
« Gouvernement composé de violeurs »
Adèle Haenel a particulièrement dénoncé les conséquences délétères du projet de réforme sur les femmes. « Si aujourd’hui le gouvernement commence à agiter le fait que cette réforme est féministe, c’est d’autant plus inquiétant que ce gouvernement est en soi composé de violeurs, ce qui est déjà mauvais signe », a-t-elle lâché faisant référence aux accusations de viols à l’encontre de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de Damien Abad, ex-ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, en insistant : « On dirait même que c'est un critère de sélection. »
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Sous les applaudissements de l’auditoire, la militante a appelé à « reprendre en main la grève ». « Le projet ici c’est de précariser les plus précaires et donc les femmes, c’est carrément le monde à l’envers […] On est en mesure de changer les choses, de s’organiser et de soutenir la grève reconductible à partir du 7 mars », a poursuivi la comédienne appelant au renforcement de la mobilisation contre le projet du gouvernement. « En tant que féministe, c’est un calendrier qui nous arrange parce que le 8 [mars], c’est, pour ainsi dire, notre jour. On peut utiliser ce jour non plus comme étant uniquement une revendication de droits, mais comme étant un rapport de force, en construisant la grève féministe. »
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Peu après sa mise en ligne sur la chaîne YouTube de Révolution Permanente, la vidéo du discours d’Adèle Haenel a provoqué une vague de critiques vis-à-vis de l’organisation même du meeting et plus particulièrement sur la prise de parole de l’actrice de 34 ans, rapporte Révolution Permanente sur son site. L’organisation politique en veut pour preuve les propos tenus sur le plateau de CNews jeudi 23 février. Pascal Praud s’est premièrement indigné de l’organisation d’un meeting d’extrême gauche dans une université française. « Vous imaginez une organisation dite d’extrême-droite tenant meeting dans une université en France ? », a-t-il déclaré.
Puis les chroniqueur·euses présent·es ont critiqué la prise de parole de l’actrice. « Ce qui me frappe, c’est le côté mécanique de ses propos, on dirait qu’elle récite une sorte de catéchisme, j’ai presque envie d’alerter le comité pour les dérives sectaires », a ainsi commenté la chroniqueuse Eugénie Bastié, essayiste et journaliste au Figaro.
La vidéo a aussi provoqué des commentaires sexistes quant au physique d’Adèle Haenel. « Visiblement, l’abus de gauchisme, ça enlaidit », écrit ainsi une internaute sur Twitter. Tandis que le chroniqueur et écrivain Éric Naulleau s’est, lui, fendu d’un tweet nauséabond : « Le plus important, c’est que Adèle Haenel ne prenne pas le volant dans cet état » faisant référence au récent accident provoqué par la conduite sous l’emprise de stupéfiants de l’humoriste Pierre Palmade.
En soutien à l’actrice, l’écrivaine Sandra Lucbert a écrit une tribune intitulée : « Qui a peur d’Adèle Haenel ? », publiée dimanche sur le site du média culturel Diacritik. « Qui a peur d’Adèle Haenel ? Vous tous qui redoutez le monde qui pourrait advenir. Ce monde aura le visage de la jeunesse qui va vous balayer, le visage d’Oumou Gueye, de Laura Varlet, de Maeva Amir et d’Adèle Haenel. On vous laisse ceux de Pascal Praud et Eric Naulleau. Nous n’avons pas le goût du caniveau », a-t-elle notamment déclaré.
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