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SNU : à Châlons-​en-​Champagne, une enquête ouverte pour agres­sion sexuelle d'une mineure de la part d'un encadrant

L'adolescente a porté plainte en avril à l'encontre d'un encadrant, pour des faits qui se seraient produits au cours d'une session du Service national universel (SNU) dans un lycée de la Marne. Un nouvel incident pour ce dispositif émaillé de dysfonctionnements.

C'est une information révélée par Marianne dimanche 30 avril et confirmée par la suite par la procureure de Châlons-en-Champagne, Ombeline Mahuzier : le 22 avril, une mineure a déposé une plainte pour agression sexuelle à l'encontre d'un encadrant du Service national universel (SNU) qui a abouti à l'ouverture d'une enquête préliminaire pour « agression sexuelle aggravée ».

Les faits se seraient déroulés la semaine précédant la plainte, dans un lycée de la Marne, à l'occasion d'une session SNU. Ils « auraient été commis par un encadrant qui n'a pas d'antécédents judiciaires connus, dans le cadre d'un SNU effectué dans un lycée sur le secteur de Châlons », a indiqué la procureure à l'hebdomadaire, ajoutant n'avoir « pas connaissance d'autres signalements le concernant ».

La secrétaire d'État chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, a affirmé dans une réaction transmise à l'AFP et relayée par France 3 Grand Est que « les comportements inadmissibles d'un individu ne peuvent discréditer l'engagement des 9 000 autres encadrants professionnels et formés pour accompagner les jeunes dans leur SNU ». Une défense du grand projet d'Emmanuel Macron, lancé en 2019, alors que ce dispositif souvent encadré par des militaires est émaillé depuis plusieurs mois par diverses controverses.

Lire aussi l « Le SNU, que le gouvernement veut rendre obligatoire, utilise les artifices des pédagogies autoritaires »

Il y a à peine deux semaines, Sarah El Haïry a en effet saisi la justice à la suite d'accusations pointant un commandant et un lieutenant-colonel encadrant des « séjours de cohésion » du SNU dans les Hauts-de-Seine. Ces derniers sont accusés de harcèlement sexuel, de racisme et d’humiliations sur des tuteur·rices et des volontaires en juin et juillet 2022.

Dans un rapport d'incident obtenu par Politis qui a révélé l'affaire, l'un des deux accusés aurait notamment dit en s’adressant à des volontaires qui se plaignaient de ne pas avoir de toilettes dans leur chambre : « Les filles, j’ai des toilettes dans ma chambre, si vous voulez passer, vous êtes bientôt majeures. » Il aurait aussi donné un coup de ventre au postérieur d'une tutrice s'étant penchée pour ramasser un stylo par terre en l'apostrophant ainsi : « Fais gaffe à pas te baisser comme ça, tu pourrais te prendre des coups. »

"La cousine" pour parler de jeunes femmes noires

S'agissant du racisme, ce commandant avait visiblement pour habitude d'appeler les tutrices noires « la cousine », arguant qu'elles étaient « toutes cousines entre elles puisqu’elles sont noires » et appelant les blanches « la princesse », dit encore le rapport. Quant au lieutenant-colonel mis en cause, le rapport relate plusieurs incidents dont une « punition collective sportive sur la piste d’athlétisme » en pleine nuit, au cours de laquelle un jeune se serait retrouvé « allongé au sol totalement inconscient ».

Ce dernier élément fait écho à une affaire plus récente, survenue les 22 et 23 avril derniers lors d'un séjour de cohésion SNU dans les Hautes-Alpes, rapporte Le Parisien. Onze adolescent·es ont été hospitalisé·es après avoir été pris de vomissements, d’évanouissements et même de crises de panique lors d’un bivouac à 2 500 m d’altitude. On se souvient également des cas d'insolation et malaises qui se sont produits chez des jeunes participant aux cérémonies du 18 juin et du 14 juillet en 2022, ou encore de la punition collective (une série de pompes à 22h30), là encore nocturne, émise par un gradé militaire à une centaine de jeunes à Strasbourg, comme le révélait Rue 89 Strasbourg.

"Contrôle d'honorabilité"

Interrogée par Le Parisien sur cette série de maltraitances et ces accusations d'agressions sexuelles, la secrétaire d'État tempérait ce mercredi 3 mai : « Il y a un focus très important sur le SNU, mais en réalité des situations similaires sont malheureusement dénoncées très régulièrement dans les colonies de vacances ou autres séjours qui encadrent des mineurs. La doctrine qui est la nôtre est celle de la prévention, et d’une attention extrême portée aux questions d’encadrement. » A ce sujet, le quotidien rappelle que si les casiers judiciaires des encadrant·es sont inspectés dans le cadre d'un « contrôle d’honorabilité », chaque session SNU peut être encadrée par 40% de personnel non qualifié, alors que « le règlement en colonie de vacances fixe, lui, à 20 % le taux maximum de personnel non qualifié (c’est-à-dire qui ne possède pas de brevet d’animateur). »

Ouvert aux jeunes de 15 à 17 ans, le SNU consiste en un séjour de cohésion gratuit de deux semaines dans un département différent de celui où réside le·la volontaire, comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles. Il évolue ensuite en une mission d'intérêt général de 84 heures « dans l’année qui suit le séjour de cohésion » auprès d'une structure associative (solidarité, santé, éducation, défense, environnement, sport...). L'exécutif ambitionne de le rendre obligatoire à terme.

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