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© Gianandrea Villa / Unsplash

Femmes et numé­rique : le “cercle vicieux” du sexisme

Des femmes “invi­sibles ou sté­réo­ty­pées” sur Internet et peu pré­sentes dans l’emploi du numé­rique : le Haut Conseil à l’Égalité dénonce l’exclusion des femmes d’un sec­teur d’avenir et réclame des quotas.

Un monde fait par et pour les hommes. Ainsi peut-​on résu­mer le sec­teur numé­rique qui a ten­dance à invi­si­bi­li­ser, cari­ca­tu­rer, agres­ser et exclure les femmes. Dans les conte­nus, leur image est déplo­rable. Dans la filière, leur pré­sence est encore trop mino­ri­taire”, observe le Haut Conseil à l’Égalité, dans un rap­port remis mar­di à la ministre char­gée de l’Égalité hommes-​femmes Bérangère Couillard.

Seules 8 % des vidéos YouTube faites par des femmes

Le rap­port a ana­ly­sé les cent conte­nus les plus popu­laires sur trois grandes pla­te­formes : YouTube, Instagram et TikTok. Le HCE a inter­ro­gé une qua­ran­taine d’expert·es (Éducation natio­nale, ensei­gne­ment supé­rieur, entre­pre­neu­riat, réseaux sociaux…). Seules 8 % des vidéos sur YouTube sont faites par des femmes. Sur Instagram, 68 % des conte­nus pro­pagent des sté­réo­types de genre et un sur cinq des pro­pos à carac­tère sexiste. Sur TikTok, 42 % des séquences d’humour et de diver­tis­se­ment contiennent des repré­sen­ta­tions dégra­dantes des femmes, selon cette étude. “L’image des femmes véhi­cu­lée sur Internet est pro­blé­ma­tique et ren­force les sté­réo­types et le sexisme”, déclare la pré­si­dente du HCE, Sylvie Pierre-​Brossolette, qui sou­haite que l’état prenne des “mesures fortes et contrai­gnantes”.
 Cette ins­tance consul­ta­tive indé­pen­dante, pla­cée auprès de la Première ministre, pré­co­nise que les pla­te­formes soient astreintes à rendre des ”rap­ports d’autoévaluation” annuels sur la place des femmes, sous la super­vi­sion de l’Arcom (Autorité de régu­la­tion de l’audiovisuel et du numé­rique), comme doivent déjà le faire les chaînes de télé­vi­sion et de radio. Pour le HCE, cette image “pro­blé­ma­tique” des femmes est le reflet d’une “forte culture sexiste” de la filière numé­rique, lar­ge­ment domi­née par les hommes.

Pas assez de femmes dans le numérique

Seuls 29 % des effec­tifs du numé­rique en France étaient des femmes en 2020, dont 16 % dans les métiers tech­niques et 22 % dans les postes de direc­tion, note le HCE, qui regrette que les femmes soient “repous­sées à la péri­phé­rie des avan­cées tech­no­lo­giques qui façonnent notre ave­nir”. Selon Mme Pierre-​Brossolette, “La France est très en retard. De nom­breux pays, dont la Chine et l’Inde, ont plus de femmes dans le sec­teur numé­rique”.

Le HCE demande des “quo­tas de filles”

Cela est notam­ment dû à la faible pré­sence des filles dans les filières de for­ma­tions scien­ti­fiques et numé­riques. À la ren­trée 2020–2021, les femmes repré­sen­taient 31 % des inscrit·es dans des for­ma­tions en sciences fon­da­men­tales, dans l’enseignement supé­rieur, et seule­ment 23 % en infor­ma­tique, selon ce rap­port inti­tu­lé “La femme invi­sible dans le numé­rique : le cercle vicieux du sexisme”. Les femmes choi­sissent moins les for­ma­tions scien­ti­fiques, “à cause du manque de modèles fémi­nins et d’un frein à l’orientation par l’entourage, mais aus­si par peur du sexisme”, estime le HCE. “Les images véhi­cu­lées dans le numé­rique laissent pen­ser que les femmes ne sont pas faites pour des métiers scien­ti­fiques. Elles sont cari­ca­tu­rées comme des idiotes et des bim­bos. Moins les filles étu­dient le numé­rique, moins les entre­prises peuvent en embau­cher”, com­mente Mme Pierre-​Brossolette.
Pour cas­ser ce “cercle vicieux", le HCE recom­mande des “quo­tas de filles” dans les filières du numé­rique, au lycée comme dans l’enseignement supé­rieur, et un “sys­tème de boni­fi­ca­tion” dans Parcoursup pour les filles qui s’orientent vers ces for­ma­tions. Il recom­mande une for­ma­tion des enseignant·es à une nou­velle péda­go­gie dans l’enseignement des mathé­ma­tiques et du numé­rique en met­tant en lumière les oppor­tu­ni­tés pro­fes­sion­nelles qu’ils offrent. “C’est injuste car les filles n’ont pas accès à ces métiers d’avenir. Et les entre­prises qui manquent de main‑d’œuvre sont pri­vées d’un réser­voir de com­pé­tences", estime Mme Pierre-Brossolette.

A lire aus­si I La you­tu­beuse Manon Lanza, vic­time de cyber-​harcèlement après son acci­dent au GP Explorer : "Je ne m’attendais pas à tant de haine"

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