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Laurence Vanceunebrock, députée de la 2e circonscription de l'Allier. © Wikimedia Commons

« En poli­tique, il faut jouer des coudes » : la dépu­tée de l'Allier Laurence Vanceunebrock fait le bilan de son mandat

Série : Il était une loi 1/​6

À quelques semaines des légis­la­tives, Causette donne la parole à des député·es qui ont por­té des lois mar­quantes au cours du der­nier quin­quen­nat. Ce mer­cre­di, c'est au tour de Laurence Vanceunebrock, dépu­tée LREM (aujourd'hui "Renaissance") dans la 2e cir­cons­crip­tion de l'Allier, à l'origine de la loi inter­di­sant les thé­ra­pies de conversion.

Causette : Que retenez-​vous de vos cinq années en tant que dépu­tée ?
L.V. :
Être dépu­tée repré­sente un grand hon­neur. J'ai tou­jours eu la République che­villée au corps puisque j'ai der­rière moi vingt-​cinq ans de police natio­nale. Dans un pre­mier temps je fai­sais appli­quer la loi, puis je me suis octroyé le droit de l'écrire. Donc pour moi, ça a été un grand plai­sir.
Le temps en poli­tique est vrai­ment très long. Dans ma vie per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle, je suis tou­jours ten­tée d'aller au plus vite : face à un pro­blème, trou­ver la meilleure solu­tion et l'appliquer. Mais là, je me suis ren­du compte qu'il fal­lait jouer des coudes, et par­fois prendre des che­mins détour­nés pour arri­ver à ses fins. Pour ma pro­po­si­tion de loi sur l'interdiction des thé­ra­pies de conver­sion, dans la mesure où dans un pre­mier temps mon groupe par­le­men­taire ne voyait pas « l'intérêt » de légi­fé­rer sur le sujet, j'ai dû me ser­vir des réseaux sociaux et des médias pour faire avan­cer les choses. J'ai obte­nu un sou­tien, dans un pre­mier temps, de mon groupe, puis de la ministre char­gée de l'égalité entre les femmes et les hommes Elizabeth Moreno, qui m'a énor­mé­ment aidée. Grâce aux appuis qu'elle a eus du Premier ministre Jean Castex, ce texte a pu être dis­cu­té sur un temps gou­ver­ne­men­tal au Parlement et béné­fi­cier d'une pro­cé­dure accélérée. 

Causette : Pourquoi avoir choi­si de tra­vailler sur les thé­ra­pies de conver­sion ?
L.V. :
J'avais été inter­pel­lée sur les réseaux sociaux par un jeune, Aurélien, après mon coming-​out média­tique. Il m'avait deman­dé de légi­fé­rer contre les thé­ra­pies de conver­sion. J'étais un peu sur­prise, car je connais­sais le pro­blème outre-​Atlantique, mais je n'avais pas la sen­sa­tion que ce phé­no­mène exis­tait chez nous. En fai­sant quelques recherches rapides, je me suis ren­du compte que des groupes, dans un pre­mier temps reli­gieux, pro­po­saient des ses­sions pour des prêches for­cés ou des exor­cismes, des choses qui rap­pe­laient un temps plu­tôt moyen­âgeux. J'ai donc com­men­cé à audi­tion­ner des témoins et des vic­times en 2019, puis à en faire part à mon groupe par­le­men­taire. On pou­vait se rat­ta­cher à des infrac­tions dans le Code pénal, comme celles de « vio­lence volon­taire » ou d'« abus de fai­blesse », mais aucune ne per­met­tait aux vic­times d'être recon­nues comme des vic­times de thé­ra­pie de conver­sion. Ce texte avait donc toute sa légitimité. 

"J'ai eu l'impression de mar­quer l'action des luttes LGBT"

Causette : Quels sont les moments forts que vous avez vécus à l'Assemblée natio­nale ?
L.V. : Le vote de ma pro­po­si­tion de loi, évi­dem­ment. J'ai eu l'impression de mar­quer l'action des luttes LGBT. Ma plus grande fier­té a été que ce texte rem­porte un grand consen­sus au sein du Parlement. Quelques-​uns se sont pro­non­cés contre, au Sénat, mais c'est une belle vic­toire [le texte a été adop­té avec 305 voix pour et 28 voix contre au Sénat, à l'unanimité à l'Assemblée, ndlr.]
L'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules est aus­si quelque chose de fort. Déjà, cela fai­sait par­tie du pro­gramme de mon can­di­dat et de mon pré­sident. Il s'agit d'un texte d'égalité auquel j'ai été heu­reuse de par­ti­ci­per. C'est énorme de pou­voir aus­si per­mettre aux femmes qui avaient eu recours à une PMA à l'étranger, avant la loi, de béné­fi­cier de la recon­nais­sance conjointe pour éta­blir la filia­tion de l'enfant. Je trouve ça beau et fort, étant don­né que je vais moi-​même bien­tôt le faire chez le notaire.
Au niveau local, je suis éga­le­ment fière des avan­cées réa­li­sées concer­nant l'accent mis le déve­lop­pe­ment du trans­port en train, le numé­rique et la santé. 

"Il est pos­sible que ma réélec­tion soit com­pli­quée, car les gens de ma cir­cons­crip­tion ont l'impression que je ne me suis occu­pée que de sujets LGBT alors que ce n'est pas le cas."

Causette : Avez-​vous quelques regrets en cette fin de man­dat ?
L.V. :
Quelques-​uns… Notamment pour la loi bioé­thique, que les amen­de­ments sur la ROPA [une tech­nique de pro­créa­tion au cours de laquelle une femme four­nit l'ovocyte et sa com­pagne porte l'ovule fécon­dé, ndlr] ou sur la filia­tion des enfants nés de per­sonnes trans­genres n'aient pas été rete­nus. Car ces enfants et ces familles existent.
J'ai un autre petit regret per­son­nel. Les sujets que j'ai défen­dus ont tel­le­ment été média­ti­sés au niveau natio­nal qu'on me le reproche loca­le­ment. Il est pos­sible que ma réélec­tion soit com­pli­quée, car les gens de ma cir­cons­crip­tion ont l'impression que je ne me suis occu­pée que de ces sujets, alors que ce n'est pas le cas. J'ai mené avec autant de force des com­bats pour mon ter­ri­toire. Mais ça a un petit peu été effa­cé par la média­ti­sa­tion des luttes en lien avec les thé­ma­tiques LGBT. J'espère que mes conci­toyens dans l'Allier recon­naî­tront ma pug­na­ci­té et ma volon­té de me battre jusqu'au bout. 

Causette : Vous vous repré­sen­tez donc ?
Laurence Vanceunebrock :
Oui je me repré­sente et viens d'être inves­tie pour la même cir­cons­crip­tion. J'ai encore beau­coup de choses à faire non seule­ment sur mon ter­ri­toire mais éga­le­ment au niveau natio­nal. C'est une chose que j'avais tou­jours envi­sa­gée, quand on sait que le temps en poli­tique est très long. 

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